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Etude des gravures rupestres du Mont Bégo, Vallée des Merveilles


Synthèse des méthodes utilisées pour l'étude archéologiques des

Gravures de la vallée des Merveilles :



Introduction :

Dans le décor somptueux d’un massif alpin, situé stratégiquement entre les plaines italiennes à l’est, l’axe rhône-méditerranée au sud-ouest et bordé par les hauts plateaux alpins à l’ouest, la manifestation culturelle d’une civilisation agricole et pastorale est gravée sur des roches.
On suppose que ces gravures rupestres furent réalisées dans le cadre d’une tradition comme l’indique clairement le faible nombre des thèmes et les répétitions.
Par curiosité ou par passion, les sociétés ont conservé le souvenir ce lieux, mais avec un regard fantastique (comme l’atteste la toponymie : « Vallée des Merveilles », « Cime du Diable », « Val d’Enfer », « Val du Trem »…).

Au XIXème siècle des érudits ont entamés les premières approches scientifiques dont des premiers travaux de recensement.
Plus récemment, l’étude exhaustive lancée depuis 1967 et dirigée par Henry De Lumley croise les travaux antérieurs[1] et tente d’approcher ces sociétés anciennes par différents faciès (occupation du sol et anthropisation, technologie, élevage et agriculture, échanges, culture et croyances…).
L’avancé des méthodes combinée aux découvertes archéologiques font qu’il est aujourd’hui possible de comparer les gravures avec un corpus de données varié dans les dimensions spatiales et temporelles.
Ainsi nous pouvons appréhender les contacts[2] qu’ont eu les hommes du Bégo, et proposer une datation.

L’étude des gravures rupestres s’effectue en deux étapes :



  • On collecte un corpus de données en recensant les gravures :
    On cherche à connaître toutes les représentations gravées, puis à assimiler la donnée par l’intermédiaire de différents outils. Cette étape débouche sur la constitution d’un corpus.


  • Approche statistique et comparative à partir des données dégagées :
    On met en relation les gravures entre-elles, et on tente de rapprocher la représentation avec des éléments d’un corpus archéologique constitué de l’ensemble des découvertes protohistorique dans le bassin méditerranéen et moyen-oriental.
    La mise-en-relation des gravures de certaines armes avec les mêmes objets découverts lors de fouille permet de proposer une datation et une aire de contact économico-culturel.

Alors que la première partie tente de synthétiser la démarche employée en vue de collecter des données, les deux autres parties abordent les questions de traitement des données, et plus spécifiquement en dernière partie les possibilités d’exploitation au niveau de la chronologie et du rayonnement culturel.



I. Le recensement des gravures dans la région du Bégo :

a. Bilan :

Le document étudié[3] ne porte que sur les découvertes des zones 3 & 12.
Les gravures des merveilles ont été l’objet de nombreux travaux d’érudits, les plus anciens étant datés de 1460 avec Pierre de Montfort. Une avancée importante dans l’étude des gravures fut marquée lorsque l’Italie fasciste assimila l’Archéologie et des perspectives de propagande nationaliste.
En effet, entre 1927 et 1942, un sculpteur italien Carlo Conti procéda au relevé systématique d’un maximum de gravures. Pour faciliter son travail de repérage, il a instauré un système de zonage en suivant la géographie des lieux.

b. Le zonage :

Depuis cette division géographique, les études postérieures utilisent le même principe (le terrain est divisé en 23 zones, qui sont elles-mêmes subdivisées en groupes).

L’étude de Conti utilise ce zonage pour individualiser chaque gravure : au fur et a mesure du relevé des roches, Conti gravait à la pointe fine le numéro de la zone et du groupe en chiffre romain, puis un numéro de roche en chiffre arabe. Enfin dans certains cas il pouvait ajouter un indice.
Par exemple, quand Conti trouvait une gravure dans le Groupe 1 de la Zone 1 il gravait :
- ZI.GI.R1
- Si une gravure était découverte à proximité il pouvait alors la nommer ZI.GI.R1. + A ; bis…
Ainsi nous savons qu’il a découvert 51 gravures dans la zone III, et que 3 ne sont pas retrouvées.

c. Les travaux actuels :

A l’heure actuelle, le travail de terrain consiste à repérer chaque roche gravée. Pour cela une équipe de prospection observe chaque paroi, chaque dalle, chaque roche…
Les critères de réussite à cette étape fondamentale sont d’observer à différentes heures de la journée pour bénéficier d’éclairages variés, éventuellement en utilisant des déflecteurs. L’équipe doit être variée et formée au repérage de gravures.
Si une gravure est découverte, elle est alors individualisée au moyen d’une numérotation :
- si elle était déjà signalée par Carlo Conti elle conserve alors le numéro d’inventaire qui lui avait été attribué.
- S’il s’agit d’une nouvelle gravure découverte, elle est alors numérotée suivant la proximité d’une gravure connue et numérotée par Conti. Le numéro d’inventaire est suivi d’une lettre grecque.
La systématisation de cette méthode et les résultats des campagnes de prospection élève le nombre de roches gravées en Zone III à 130 (dont 84 non-découvertes par Conti).
La Zone XII a livrée à elle seule 500 gravures.

Les gravures sont donc individualisées par ce système de zonage. Puis la position géographique est calculée précisément par GPS, dans les 3 dimensions (latitude, longitude, altitude). On note également l’orientation de la gravure et on propose une carte de « cheminement entre les gravures » c'est-à-dire le chemin le plus court reliant les gravures entre-elles, et constituant ainsi des groupes.
Chaque gravure est relevée en grandeur naturelle. Le contour et les détails sont dessinés, ainsi que les décrochements, fissures, stries glacières, trous naturels…
Le relevé est nommé comme sa gravure originale, avec le même système de zonage.
La méthode employée pour le relevée est intéressante puisqu’elle prend en compte les contraintes spécifiques à l’étude : représenter fidèlement une gravure sur une surface polygonale dure et rugueuse, de taille variable, en pleine montagne.
Le procédé inventé par H. De Lumley consiste à superposer à la gravure une couche de film étirable type cellophane, puis à décalquer la figure.
Ainsi, dans l’éventualité où plusieurs gravures sont superposées, on utilise des feutres de couleurs différentes.
D’autres images d’archives sont réalisées en plus du relevé « grandeur nature » : chaque gravure est dessinée au 1/10, photographiée (dans son environnement et dans sa représentation), et même parfois moulée.

Enfin, les gravures sont informatisées via deux bases de données :
- la première s’attache uniquement au support
- la seconde se porte sur la représentation
Il est important de souligner que ce lexique peut être enrichi ou modifié dans sa structure (champs) afin de mettre en évidence de nouveaux critères. Mais la mise-à-jours de la base oblige à ce que les critères de description (morphologie et qualité) soient toujours rigoureusement les mêmes.

d. Les évolutions induites par les résultats :

Les critères de recensement ont évolués avec les recherches.
En effet, progressivement les chercheurs se sont davantage intéressés à des éléments peu pris en compte au début de la campagne de recherche :
Des détails sur représentation, groupes de cupules éparses ou isolées, figures transformées, relations entre certaines gravures et trous naturels/fissures de la roche, localisation spécifiquement dans des « gouttières » ou « décrochements »… une multitude de nouvelles données sont mises-en relation avec d’autres critères.

Il y a un aller-retour incessant entre les divers supports de stockage de données :
La découverte d’une nouvelle information induit alors des modifications dans la base de donnée, et dans les relevés, et de ces modifications apparaissent de nouvelles caractéristiques… L’apport de données nouvelles permet d’entrevoir de nouveaux rapprochements et d’autres apports, jusque là non remarqués.

e. Archivage et perspectives :

Régulièrement, l’avancée des recherches et la collecte de nouvelles données entraînent des mises-à-jour. Ces corpus sont systématiquement rassemblés au musée des Merveilles à Tende. Ainsi l’accès est simplifié et garanti quelque soit la saison pour les chercheurs et le public.

Si les travaux entrepris permettent aujourd’hui une sauvegarde et une accessibilité accrue dans les données, le recensement en soit est critiquable car il n’est pas forcément exhaustif.
· Certaines roches ont pu être oubliées malgré le « ratissage » des prospections :
Certaines zones difficiles d’accès, des gravures très abîmées ou masquées par divers obstacles peuvent avoir échappées à la tentative d’inventaire.
· De plus, de nouveaux critères d’observation peuvent être pris en compte pour mettre en évidence de nouveaux rapprochements.
· Enfin, certaines vérifications s’imposent pour finaliser l’étape d’acquisition des données.

La combinaison de ces données, inscrites sur différents supports permet de représenter un ensemble de gravures décrites précisément, et de connaître leur répartition dans l’espace.
Les chercheurs peuvent dès lors étudier les données. L’étude et le rapprochement de certaines gravures (figurations d’armes) avec des découvertes d’autres sites archéologique permettraient d’attribuer une culture protohistorique des alpes méridionales et de dater ces vestiges.


II. L’étude des données :


L’étude de ces vestiges est possible suivant deux critères :
- Les techniques : les gravures ont été réalisées avec différents outils et méthodes. Cela permet la constitution d’un classement typologique.
- Le sujet des représentations, en particulier les gravures d’armes : les poignards et hallebardes. On peut les comparer à des armes découvertes dans des fouilles archéologiques, et qui sont connues et datées.

a. Gravures d’armes : quelques remarques :

Avant de comparer les gravures d’armes de la Vallée des Merveilles et celles provenant de sites archéologiques, quelques remarques doivent être soulignées :
· Les armes les plus représentées sont les poignards et les hallebardes (presque exclusivement).
Par comparaison avec des armes similaires, on suppose qu’elles ont été faites au Bronze Ancien.
· Les armes gravées sont représentées généralement emmanchées.
Généralement les sites archéologiques ne fournissent que la lame, excepté le cas de poignards et épées à manche de bronze.
· On ne peut étudier les gravures d’armes que par les contours et les proportions des éléments qui les constituent.
Les détails qui différencient les productions de diverses cultures (nombre et emplacement de rivets ; décor gravé sur la lame ou le manche…) n’apparaissent que très rarement sur les gravures.
· Certaines gravures sont précises et permettent un examen approfondi alors que d’autres sont maladroites ou abîmées et par conséquent plus difficiles à étudier.

b. L’étude des Techniques de réalisation :

Dès 1967 les chercheurs de l’équipe d’Henri de Lumley ont observés divers détails sur les gravures tels que les contours, les « cupules débordantes », le profil du bord, les stries de contour et les alignements de petites cupules sur les bords de la gravure.
L’un des critères les plus significatif quand à la technique de gravure employée est l’observation des cupules[4].

Ces dernières peuvent avoir été réalisées suivant 5 techniques. On note que seules les deux premières permettent régularité et disposition jointive des cupules.
Un même outil est utilisé : une sorte de burin en quartz (roche très abondante dans la région des gravures).
Enfin, la gravure des roches produit des poussières qu’il faut régulièrement éliminer en soufflant dessus. Face à cet handicap, Livio Mano propose par expérimentation que les roches étaient préalablement humidifiées afin de faciliter l’exécution des gravures (l’eau retenant la poussière).

Voici les différentes méthodes de gravures mises-en-évidence :

Pression-rotation :
- Description : cupules contiguës, de formes arrondies, en disposition régulières. Le fond de l’enlèvement est arrondi et peu profond.
- Réalisation : utilisation d’un outil pointu et dur, probablement un bloc de quartz. Cet outil subi une pression et une rotation pour enlever une cupule.
- Marqueur : l’examen des cupules au microscope électronique à balayage met en évidence la trace de fines stries concentriques résultant du mouvement de rotation de l’outil sur la pierre.

Percussion indirecte :
- Description : parfois de forme grossièrement ovale ou triangulaire, la cupule est rarement de forme parfaitement arrondie. Le fond de la dépression est anguleux.
- Réalisation : un bloc de quartz pourrait servir de burin. Un autre outil serait alors employé comme percuteur.
- Marqueur : au M.E.B. on remarque une base irrégulière présentant des écaillages.

Percussion directe orthogonale et contrôlée :
- Description : les cupules sont généralement non-arrondies. Elles peuvent être de forme ovales ou triangulaires et de dimension et profondeur variable. Elles sont disposées irrégulièrement et peuvent « sortir » de la surface gravée.
- Réalisation : percussion directe et répétée d’un bloc de quartz sur la roche.
- Marqueur : au M.E.B. les enlèvements présentent une base irrégulière avec de nombreux stigmates et écaillages, parfois en forme de trièdre[5] renversé dissymétrique.

Percussion directe oblique :
- Description : cupules ovales allongées voir très allongées. Aucune gravure ne semble avoir été réalisée uniquement avec cette technique. Enfin, il est possible de déterminer si le graveur était gaucher ou droitier suivant la direction de l’enlèvement (de gauche à droite si le graveur est gaucher, ou de droite à gauche si le graveur est droitier).
- Réalisation : percussion directe et violente, très oblique par rapport à la surface de la roche.
- Marqueur : à l’œil nu : cupules allongées voir très allongées, orientées de gauche à droite ou de droite à gauche.

Usure ou rainurage :
- Description : visible sur certaines parties des gravures (manches de hallebardes et cornes de corniformes notamment), localisé dans le secteur de Fontanalba.
- Réalisation : frottement répété d’une pierre dure.
- Marqueur : une rainure discontinue et abrasée

La prise en compte de la technique utilisée ainsi que divers détails[6] permet de mettre en évidence différents styles de gravure.


c. Mise en évidence de différents styles de gravure :

L’aboutissement du travail qui débouche sur un classement typologique ne permet pas forcément d’approcher chronologiquement les gravures.
En effet, la distinction de divers styles pourrait s’expliquer de différentes manières :
- utilisation de différents types d’outils
- usure des outils
- nature de la roche
- modes passagères
- savoir-faire
- réalisation aléatoire
- type de représentation

L’étude des techniques de réalisation est relativement simple dans la mesure où en observant une gravure il suffit de caractériser certains critères selon une grille pré-établie.
Ainsi les chercheurs ont produits un classement typologique :

Gravures de style A (très bonne qualité de réalisation) :
Description : gravures à bord régulier sans cupules débordantes. Aspect général presque lisse.
Réalisation : gravure composée d’une juxtaposition de petites cupules arrondies, peu profondes et régulières.
Ce style se divise en 3 sous-styles suivant la taille des cupules et leur disposition.

Gravures de style B (bonne qualité) :
Description : les contours sont nets mais ils présentent cependant des cupules débordantes. L’aspect général de la surface est « moutonné ».
Réalisation : gravure composée de groupes de cupules de taille moyenne ou grande, jointives ou côte-à-côte
Ce style se divise en 3 sous-styles.

Gravures de style C (mauvaise qualité) :
Description : la surface travaillée semble discontinue
Réalisation : cupules grandes ou petites, espacées.
Se style se divise en 2 catégories.

Gravures de style D (peu fréquente) :
Aucune gravure entièrement réalisée avec le style D n’a été découverte.
Il s’agit de cupules allongées obtenues par percussion oblique.

d. Vers une chronologie relative des différents styles de gravures :

Les chercheurs ont employés deux types de données afin d’approcher chronologiquement les gravures.
Tout d’abord, ils se sont concentrés sur le style de gravure par rapport à la représentation.
Par exemple ils ont remarqués que les gravures de certains poignards semblables à ceux du Bronze Ancien sont du style A ou C alors que d’autres, attestés au Chalcolithique sont de style A ou B1. Dans la même logique d’observation, des rapprochements ont étés fait notamment avec les hallebardes de la zone III qui sont essentiellement de style B1.
Puis les chercheurs ont étudiés les superpositions de différents styles de gravures.
L’observation de 10 gravures superposées dans la zone III permet de dégager une chronologie relative et de tirer des généralités :
Le style B1 n’est jamais recouvert.
Le style A est toujours recouvert par B, mais jamais l’inverse.
Il n’y a aucune superposition entre le style C et le style B ou A.

De ces constatations il semble possible que les gravures aient été réalisées dans le long terme, avec des techniques variables.
De plus certaines gravures d’armes (poignard et hallebardes) seraient la réplique d’un modèle qui a existé à un moment donné.
L’étude de ces gravures permettrait alors d’attribuer des influences culturelles et de les dater.


III. Certaines armes précisent la datation des gravures, et les influences culturelles :

Aux yeux des sociétés anciennes les armes n’étaient pas des objets banals ou quotidiens.
Se sont des signes de puissance qui ont fascinés les populations.
Posséder une arme est avant tout l’affirmation de richesse, de notoriété, mais aussi de contacts avec d’autres groupes culturels.
C’est l’attribut des chefs par exelence : l’arme détient le pouvoir de tuer, de partager et de dépecer la viande.
Parmi les 19.000 pétroglyphes figuratifs découverts dans la vallée des merveilles, les gravures d’armes représentent un pourcentage important qui varie selon les zones entre 0,9% à 19,7%.

a. Approche des bornes extrêmes chronologiques :

Pour la zone III, notons en premier que l’absence de gravures d’épées permet d’écarter en chronologie supérieur l’époque du Bronze Moyen ou Final.
L’absence de haches « des roseaux » dites spatulées écarte la chronologie inférieur à l’age du Bronze Ancien.

La représentation des armes se fait suivant certains standards : on observe que la plupart des bases de lames de poignards sont rectilignes ou légèrement convexes, avec une angulation entre la base et le bord de la lame.
On attribue donc au Chalcolithique (3300 à 2300 avant J.C.) ces représentations.

b. Affinage chronologique et influences culturelles :

L’étude menant à l’interprétation chronologique et culturelle des gravures d’armes se base sur des critères typologiques.
Les représentations les plus connues et par conséquent les plus fiables sont les hallebardes, poignards et haches.
Les gravures d’armes sont nombreuses : on en connaît 1468. La zone III en contient 34 (21 poignards, 11 hallebardes et 2 haches) et la zone XII 45 (35 poignards et 8 poignards).
Par comparaison avec des modèles similaires et datés, on propose la chronologie du Bronze Ancien et du Chalcolithique de tradition remedelienne (plutôt que campaniforme).

c. Les contraintes de l’interprétation morphologique :

La comparaison des gravures d’armes avec des armes découvertes en contextes archéologique apporte des dissemblances. On peut supposer que l’exagération de certaines parties de l’arme souligne la puissance d’une divinité ou du propriétaire.
- les conditions taphonomiques ne permettent pas la conservation de certains éléments[7] de l’arme alors que la gravure représente ces éléments.
- Dans certains cas, les armes ne sont pas représentées en respectant scrupuleusement leurs caractéristiques morphologiques : des traces de stries contournant les gravures ont étés révélées, d’autres observations révèlent une exagération des formes sur certaines gravures[8].
- La longueur très exagérée de certains manches de hallebarde ainsi que la représentation de lames de poignards dépourvues de la représentation du manche témoignent de l’importance symbolique de l’objet.

Les comparaisons portent donc essentiellement sur les lames.
Les gravures du Bego sont des représentations symboliques à partir desquelles il est délicat de rapprocher d’une arme découverte et attestée dans un contexte chronologique ou culturel précis, les chercheurs doivent rapprocher deux corpus qui se ressemblent peu.
Il faut souligner que dans ce contexte de représentations, de nombreux faciès cultuels échappent à nos visions et représentations contemporaines. Ce discours imagé n’est pas saisissable dans son ensemble pour un homme de notre époque.

d. Les déductions des comparaisons :

Certaines gravures d’armes présentent des caractéristiques similaires avec des armes connues dans des corpus archéologiques connus.
Avec toute la prudence qu’exige la comparaison entre des armes réelles et ces représentations symboliques, il semble possible de proposer une datation et une influence culturelle pour certaines gravures :

- les poignards à lame à bord légèrement convexe et à poignée aussi large que la lame ;
- les haches plates (hallebardes à bout carré) :
Ils sont similaires à ceux découverts à la nécropole de Remedello (Chalcolithique), phase II soit -2800 à -2500.

- des lames également à bord légèrement convexe et à poignée aussi large que la lame :
Elles évoquent des découvertes en milieu lacustre, dans les palafittes de Suisse (lac du Colombier) et le Chalcolithique de Fonbouisse.

- les poignards à lame triangulaire courte ou très allongée ;
- les hallebardes à lame triangulaire très allongée :
Ce type d’arme rappel celles découvertes durant la phase terminale du Chalcolithique, environ -2300 comme en Italie du Nord (Remedello et Volongo)

- d’autres gravures évoquent des contacts culturels plus rares comme :
Une représentation de hache (ou hallebarde à lame à bout carré ?) rappelle celles d’Hauslabjoch (glacier de Similaün), au début du Chalcolithique (3492-2931).
Des poignards comparables à certains modèles découverts dans les Alpes du nord (Isère, Savoie, Autriche, Suisse) ou semblables à ceux de Fontbouisse en Languedoc méditerranéen.


Conclusion :

Une fois que l’étape primordiale de collecte de données a apporté suffisamment d’éléments de réflexion, les gravures sont étudiées suivant la technique de gravure et suivant la représentation figurée.
Les représentations d’armes de type poignard, hallebarde ou dans certains cas hache apportent un renseignement fondamental dans la mesure où il est possible qu’elles correspondent à des répliques d’objets découverts et datés dans d’autres contextes archéologiques.

Ainsi en procédant par association de corpus la connaissance de certaines gravures d’armes permettrait de les rapprocher d’autres gravures ne représentant pas forcément ces armes, suivant la technique de gravure employée par exemple.
L’interprétation et le symbolisme de ces représentations échappent encore aux regards contemporains, ces gravures sont à associer à un discours et une pensée d’une autre civilisation, avec ses propres normes et valeurs.



[1] Ces travaux antérieurs sont utiles car ils rendent compte de l’érosion de certaines gravures mais surtout un certain nombre de vestiges ont disparus avec la militarisation de la vallée par l’armée italienne dans les années 40.
[2] La mise en évidence de contacts entre civilisations anciennes permet de les approcher par différents faciès comme la diffusion du commerce, le savoir-faire, la culture, etc…
[3] Henri DE LUMLEY, Gravures protohistoriques et historiques de la région du mont Bego, secteur des Merveilles : Zone de la cime des lacs Zone III & Zone du Grand Capelet Zone XII.
[4] Dépression crée suite à l’enlèvement de matière produit par une action individualisée.
[5] Figure a trois faces planes
[6] Ces détail sont la netteté du contour des gravures, la taille, profondeur et régularité des cupules, leur forme, et leur espacement.
[7] Ces éléments peuvent être des poignées, manches, etc… divers éléments réalisés en matériaux périssables comme des fibres végétales ou bois.
[8] Exemple du poignard ZIII.G7.R7.n°1

Ronde des facs : L'Université de Nice Sophia-Antipolis organise son premier footing sur la prom

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Nous n'étions pas moins de 520 étudiants et personnels à courir les 4 km sur la prom, à l'occasion de la 1ère "Ronde des Facs".
Cette manifestation sportive avait pour objectif de rassembler tous les campus à l'occasion d'une journée banalisée, avec en point d'orgue un footing sur la promenade des anglais.

Le reste des festivités ayant lieu au Campus Valrose, avec remise des prix et animations diverses.
L'épreuve s'est déroulée dans une bonne ambiance sous le soleil du printemps.

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Lien vers documents officiels et résultats ronde des facs 2008


Article Nice-Matin :

L'habitat castral en Haute-Corse

Brève synthèse du cours de Mr Philippe JANSEN, Fondations d'habitats, réseaux et contrôle des territoires (Europe méditerranéenne, 10ème - 14ème siècle).


Etudes des formes d'habitat en Haute-Corse, Xème - XIVème siècles :

Les connaissances scientifiques concernant l’habitat en corse sont possibles grâce à l’étude récente de 3 éléments :
  • la documentation écrite locale est rare jusqu’au XIVème siècle, où elle apparaît. A ce moment, le territoire est déjà sous une forme achevée et constituée depuis longtemps.
    La documentation locale évoque finalement peu le développement corse. Par contre l’étude d'archives hors Corse, dans les régions de Pise et Gènes notamment livre de nombreuses informations.
  • Le développement d’institutions de recherches : il y a beaucoup de sites abandonnés en corse, mais la recherche archéologique a commencée tardivement. Jusqu'à récemment, les problématiques distinctes de celles de P. Toubert, comme les 1ers réseaux ecclésiaux étaient mis de côtés. Ce retard de la recherche est à pondérer puisque depuis 15 ans des équipes étudient ces problématiques.

  • Depuis quelques années on remarque la mise-en-relation entre les « 1ers réseaux ecclésiaux » et le « Peuplement Castral ». Ces résultats récents, surtout sur la Haute-Corse amènent les premières synthèses (cf. Daniel ISTRIA).

Contexte :
Au XIème siècle, la corse est disputé par les deux puissances navales de Pise et Gènes. Ainsi cette dispute territoriale marque l’île :
Chaque entité marque sa présence en fixant ses représentants de l’église (prélats désignés par les diocèses) de Pise ou de Gènes.
Sur la cote orientale, le principal diocèse est Aléria ; Sur la côte occidentale : Nebbio (St Florent) et Sagone.

Cette documentation est abondante sur le continent.
A cette époque donc, l’Eglise constitue la trame du contrôle de l’organisation du peuplement.
Le réseau de peuplement correspond alors à des hameaux ruraux dispersés sur lequel on superpose au XIIème siècle une organisation en « Pieve » : c’est une division territoriale et un système d’organisation du peuplement.
Ainsi on introduit un modèle d’organisation ecclésiastique depuis la Toscane, qui s’adapte aux conditions géographiques corses.
L’unité territoriale de « Pieve » est indexée suivant la topographie locale : elle correspond à une vallée sur un bassin versant avec un accès à la mer, limité par une ligne de crête et des sommets qui basculent sur l’autre vallée. Ce type de schéma est observable au cap Corse notamment.

L’Eglise Pisane impose sa présence dans chaque Pieve dans un chef-lieu, pour 10/15 habitants parfois. Souvent cette église baptismale (baptême + sépulture) est située plus ou moins au centre géographique de la Pieve, de sorte qu’on y accède en ½ journée.
Cette présence est temporelle : le clergé s’approprie des terres et organise une économie de type « Curtis » (prélèvement d’impôts).
La « Pieve » est donc non seulement un lieu de polarisation liturgique et sacramentaire, sa forme en « Curtis » rassemble une population d’artisans.
Ainsi un groupe de colons se regroupe au centre de la Pieve : un habitat rural non-fortifié se développe.
Toujours au XIème siècle et pour les raisons de généralisation du système de Pieve, on ne repère pas de fortification associée.
Le mouvement de développement du « castrum » est tardif (par rapport au reste de la Provence) : il apparaît durant la seconde moitié du XIIème siècle et se prolonge pendant le XIIIème siècle.
L’initiative de la construction ne vient pas de seigneurs locaux mais de la famille des « Obertenghi », qui obtiennent le titre de « Marquis de Corse » dans la seconde moitié du XIIème siècle. Ainsi émerge un pouvoir militaire sur la Corse.
Le développement de sites fortifiés au XIIème siècle est très différent du système de la « Pieve » : les castrums sont battis plus hauts (la Pieve est généralement vers 300 mètres alors que le castrum est bâti à 600 mètres, sur des crêtes abruptes).
Il s’agit donc d’un transfert d’une forme d’habitat vers une autre. Le territoire est modifié puisqu’il inclus une partie « alpine ».
Ex : Castello Di Rostino.
Ce château livre plusieurs bâtiments dans une enceinte, il fut habité avant 1138 (un denier génois de cette année y a été découvert). C’est un château ex-nihilo, avec trois phases d’occupations.
Le matériel découvert (décors vestimentaires, de l’or, du bronze, de la vaisselle…) atteste un niveau de vie raffiné donc la présence d’aristocrates.

Après cette phase de construction castrale du XIIème, on remarque une troisième étape avec l’installation de fortifications.
Une seigneurie locale émerge, au dépend de l’ancienne classe dominante des « Obertenghi ». Ce morcellement des pouvoirs laïcs est visible surtout en Balagne.
Des châteaux seigneuriaux sont édifiés sur des lieux très escarpés, ils n’attirent pas d’habitat.
  • Avant l’an mil, l’habitat était dispersé en hameaux dans des plaines, il n’y avait pas de fortification.

  • Puis les châteaux seigneuriaux ont attirés un habitat réduit (type Rostino)

  • Enfin des fortifications sont érigées sur des points de surveillance, ils n’attirent pas d’habitat.

Ce réseau est achevé vers 1250. Le Cap Corse est maillé à la même époque avec l’appropriation de cette région par Ansaldo Mari. Il rachète le Cap et les fortifications, ainsi il contrôle une région clef avec les passages de navires.
Les génois conservent 3 châteaux en Haute-Corse, à proximité de Bastia. Ces regroupements de terre autour d’un centre fortifié mettent fin aux divergences de territoires.
Du côté du Nebbio (St Florent) il n’y a aucune fortification militaire connue à ce jour. Le territoire appartient à la cathédrale de Nebbio, l’Evêque est le seul seigneur. Le cartulaire du Nebbio montre d’ailleurs des tensions régulières entre Evêques et Seigneurs.
A la fin du XIIIème siècle on remarque un changement important :
Un seigneur local, vassal de génois possède des castrums autour de l’enclise épiscopale du Nebio. On arrive à un « équilibre » entre pouvoir laïc et clérical. Le seigneur ne s’attaque pas au territoire de l’Evêque mais poursuit sa conquête plus au Nord, vers le Cap pour avoir un nouveau débouché maritime.

La chronologie de l’habitat pourrait donc se résumer ainsi :
Les sites fortifiés concentrent un habitat avec une hiérarchie (rapport taille/fonction) qui apparaît dans les textes.
Les seigneurs font allégeance aux communes dominatrices. Dans les textes pour évoquer un territoire on nomme château siège du pouvoir, puis on évoque ses dépendances (constellation de hameaux qui appartiennent au seigneur, habitats ruraux, autres châteaux subordonnés).
Au XIIIème siècle Gènes possède le Cap Corse :
Il est tenu par un « château principal », où Gènes envoi ses représentants. Il s’agit donc d’un lieu de résidence et d’administration.
Contrairement au continent, la construction castrale ne provoque pas de regroupement de l’habitat type « incastellamento ». Souvent il s’agit plutôt de forteresses isolées qui appartiennent à un semi de hameaux isolés à proximité.

Au XIIIème siècle, une nouvelle organisation territoriale émerge : la Villa.
C’est un habitat non fortifié, avec un territoire donné qui est habité. Il s’agit d’un centre de prélèvement seigneurial. Toutes les villas sont inclues dans le territoire d’un château. Il s’agit d’une réorganisation et d’une nouvelle hiérarchisation de l’espace, alors qu’en même temps il existe d’autres formes d’habitat groupé et fortifié.
Il existait des colonies génoises qui vivaient plus ou moins en autonomie : Bonifacio, dès 1195 ; Aléria dès 1241 et Calvi en 1260.




Estrosi maire de Nice


Estrosi remporte les municipales avec 41,33% des voix contre 33,17% pour le socialiste Patrick Allemand, qui conduisait une liste d'union de la gauche, et 25,50% pour Jacques Peyrat, maire sortant ex-FN suspendu de l'UMP pour dissidence.
A noter cependant : l'échec d'Eric Ciotti, ami de toujours d'Estrosi et candidat à l'élection cantonale dans la première circonscription niçoise a conduit à l'annulation des réjouissances prévues.




Randonnée Col d'Anelle - St Dalmas Valdeblore

La neige est tombée exeptionnelement cette semaine alors il fallait bien en profiter.
Cette rando en raquette dans l'arrière-pays niçois, d'une difficulté moyenne nous a ouvert un paysage féérique et de bonnes sensations.

Sur ce lien découvrez toutes les photos de la rando, et ici pour le diaporama.


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