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La Reine Victoria et ses sejours sur la Cote d'Azur - synthèse de la conférence de Dominique ESCRIBE

La reine Victoria et ses séjours sur la Côte d’Azur
Synthèse de la conférence de Dominique ESCRIBE, Historien


La Reine Victoria est l’un des personnages qui a le plus marqué la Belle Époque sur la Côte d’Azur. Cette villégiature royale a renforcé l'aura de Nice en faisant une publicité gratuite pour la ville comme "capitale touristique de l'aristocratie". Pour cette raison on propose de dresser un portrait de ce personnage dans le cadre de la fin du XIX° siècle.

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  • Présentation
Victoria est Reine le 28 juin 1838 à l'age de 18 ans : elle échappe ainsi au système de régence qui aurait été mis en place avant sa majorité, et au contrôle de sa mère avec qui elle entretenait des rapports tendus.
Les peintures officielles sont réalistes et peu gratifiantes pour la jeune Reine. En effet, physiquement Victoria ne représentait pas les codes esthétiques de l'époque et en était tout à fait consciente. Elle possédait en revanche une grande beauté intérieure : résolument moderne dans ses idéaux, Victoria diffuse une pensée sociale, de tolérance et d’ouverture d’esprit. Pour cela elle choisit son mari, qui n’est autre que son cousin germain, du même âge.

  • Quelques passages de sa vie
Elle se marie le 18 août 1840 et vie une véritable histoire d’amour qui donne naissance à 9 enfants. Le prince Albert est décrit comme sérieux, pieu et très intéressé par les questions sociales. Il écrit par exemple au 1er ministre anglais pour protester contre la situation ouvrière de Londres et demande une intervention sociale du gouvernement.
Victoria suit aussi l’actualité. Elle adore rire (ce n’est pas l’impression laissée par son iconographie qui affiche plutôt un personnage triste), la bonne chair, danser et les animaux (elle gracie des criminels sauf ceux qui ont affligés des souffrances aux animaux).

  • L’Angleterre de Victoria
C’est sous son règne que l’empire britannique devient l’une des nations les plus riches du monde, avec une industrie de pointe.
Londres accueille la première exposition universelle en 1851 dans le « palais de Cristal » aujourd’hui détruit .
La reine passe ses vacances en France, alors qu’aucun souverain anglais ne l’avait fait depuis le XV° siècle.
Cela constitue une grande avancée diplomatique et par ce rapprochement elle aide la monarchie de Louis-Philippe à s’affirmer sur le plan des relations européennes.

Ainsi pendant la guerre de Crimée, la France et l’Angleterre combattent ensemble et une distinction militaire importante est crée, la fameuse « Victoria Cross ».
Même sous Napoléon III, l’amitié Franco-anglaise persiste. Victoria accueille en amie la femme de Napoléon III, l’impératrice Eugénie.
Durant la guerre franco-prussienne de 1870 la reine Victoria est du côté de la France. Elle demande aux Prussiens de préserver Paris des destructions et des massacres et de conserver l’Alsace et la Lorraine à la France.

  • Autour de la Reine
Le tournant a lieu le 14 décembre 1861 quand son mari le Prince Albert meurt. La reine est défaite et sombre dans une dépression. Elle ordonne que l’on ne change rien dans sa chambre.
Ce bouleversement est un drame personnel qui perturbe le reste de sa vie. Elle fuit Londres et ne paraît plus au gouvernement. Le peuple anglais est au début très ému puis trouve cette réaction exagérée.
Victoria se remet peu à peu en rencontrant un écrivain, Disraeli. Elle est passionnée par cet homme. Il parvient à la faire revenir sur la scène politique et grâce à son soutient elle obtient le titre d'impératrice des Indes. En remerciement, elle le nomme comte de Picontfield.
La gloire et la popularité de Victoria se développent. En 1887 a lieu son jubilé, il ne rassemble pas moins de 50 rois et princes d’Europe.
On réalise un tableau de cet évènement , dupliqué en une centaines d’exemplaires dont un figure au musée Massena.
La reine est en très bonne forme pour son âge, on la voit danser aux bals.

Le jubilé de 1897 est encore plus fastueux. Il rassemble à Londres tous les 1ers ministres de l’empire anglais (Canada, Australie…).
En 1898, la reine est la premier à s’adresse au monde entier grâce au phonographe, encore un signe de sa modernité.

  • La reine dans la région Niçoise
Son premier séjour se passe à Menton en 1882, avec Brawn, son domestique. On se demande jusqu’ou leur relation est allée, c’est très contraire à l’esprit du temps mais elle était très sensible au physique des hommes. D’ailleurs dans son testament, elle souhaite qu’il y est des souvenirs d’Albert et de Brawn dans son cercueil.
Après la mort de Brawn, ses séjours sur la côte furent plus fréquents car Brawn ne supportait pas le soleil. Elle est fortement éprise de la région.
Mais d'une manière générale, la reine aime les paysages Français.
Elle déclare : « si une guerre devait avoir lieu entre la France et l’Angleterre, je demande à Dieu la grâce de mourir avant ».
Les niçois la voient à 5 reprises à Cimiez : 1895, 1896, 1897, 1898 et 1899. Elle ne revient pas en 1900 car durant la guerre des Boers la France prend le partie des bourgs et la reine a peur des manifestations.
La mort la rattrape alors qu’elle passait l’hiver sur l'Île de Wight, le 22 janvier 1901, ayant régné plus que n'importe quel monarque britannique (plus de soixante-trois ans). On raconte qu’elle aurait dit peu avant « Ah si seulement j’étais à Nice, je guérirai ! ».


  • La villégiature royale
Il s’agit de vacances et de soins sur des séjours d’environ 6 semaines, organisés chaque année. L’évènement est très solennel et fait appel à un ensemble de protocoles méticuleux.
Victoria arrive par un train spécial de 110 mètres de long. Il comprend outre la motrice, une voiture pour les bagages précieux, une voiture pour la toilette, une autre pour la salle de bain et des salons, 2 wagons privés pour la reine, 1 wagon pour ses domestiques, 2 wagons de salons lits, 1 avec un couloir de circulation pour les domestiques, et enfin plusieurs pour les bagages.
Mais déjà avant son arrivée une partie du mobilier royal est expédié, de sorte que lorsque la reine arrive elle trouve ses appartements aménagés avec son mobilier.
Le premier séjour à Nice se passe au Grand-Hôtel, vers Carabacel. Victoria se trouve un peu à l’étroit et on craint qu’elle ne revienne plus !
Alors on charge un architecte reconnu (Biasini) de construire un Hôtel, l’Excelsior Régina. La reine y réserve 80 chambres coté Ouest (la où la vue sur Nice et la baie des anges est exceptionnelle). Depuis, l’aile Ouest du bâtiment est surplombée d’une couronne.
Toute une équipe s’occupe de ses désirs : musiciens, cuisiniers, chauffeurs, cochers : le staff est extrêmement coûteux. On lui demande de réduire son personnel, mais elle refuse ! Elle payait pour 6 semaines 80.000francs or !

Cet hôte de marque diffuse une publicité gratuite pour Nice. Un correspondant dresse un bilan quotidien de l’activité de la reine, et tous les jours la presse anglaise vante le cadre de vie de la reine : Nice et ses paysages ne pouvaient pas rêver d’une meilleur occasion de développer le tourisme de luxe, au moment ou ¼ de la planète a pour souverain la reine d’Angleterre !

L’emploi du temps royal est souvent peint par Mossa en aquarelles.

Le Petit déjeuner se fait en musique : l’orchestre généralement italien donne l’aubade.
En fin de matinée vers 11h a lieu une promenade en voiture (attelée à un âne : le « Jacou » : qu'elle a acheté pendant une promenade à Aix-les bains car il était mal traité) souvent dans des parcs de Nice, le parc Liserb par exemple, qui pour l’occasion était loué avec sa villa d’agrément. La reine aimait se promener dans les parcs luxurieux de Valrose, sur la colline du château, dans le parc de la villa matisse…La voiture royale est aujourd’hui conservée au musée de fontainebleau.
L’une des surprise des niçois étaient les serviteurs royaux : le matin les écossais en kilt jouaient de la cornemuse, et l’après-midi des indiens en costume traditionnel servaient le thé. Ce manège et cette diversité culturelle surprenaient et amusaient alors les autochtones.
A midi, le repas était souvent l’occasion de rassembler des invités de marque ou membres de la famille royale.
Pour l’après-midi la reine organisait une grande promenade. Souvent le cortège passait par les arènes de Cimiez, il était annoncé par un cavalier niçois (le piqueur).

La reine aimait prendre de la hauteur sur les paysages de la baie des Anges et faisait de longues promenades en calèche sur les collines de Nice telles que Fabron, le Mont-Boron (château de l’anglais), Gairaut, Aspremont…

Il semble que la reine était très appréciée par les niçois (alors qu’elle était décrite d’apparence physique modeste : petite, tassée, habillée de noir comme une « nourrice » !) On a le souvenir de "quelqu’un de généreux pour une anglaise", elle aurait donné une pièce d’or à une petite fille contre des fleurs …
Mais elle ne supportait pas les divorcés : l’amour qu’elle avait pour son mari faisait qu’elle ne concevait pas qu’on se sépare. En revanche elle était très libérale pour le mariage. Sa conviction pour le mariage d’amour agaçait l’aristocratie conservatrice, même dans sa famille.
D’autres traits de caractère la placent comme très sociale : elle refuse l’augmentation du prix de la bière (boisson des classes populaires) car « ils ont assez de misère » selon elle.
C’est aussi un personnage respectueux des croyances locales. A plusieurs reprises durant les funérailles de personnages modestes elle ne dépassait pas les cortèges. Une autre fois en se promenant dans la vieille ville, elle croisa une procession de pénitents rouge. Cette culture l’intriguait si bien que l’an suivant elle assista à la procession. Une légende dit que la reine voulait se convertir au catholicisme. Si cela semble farfelu la reine a néanmoins offert de nombreux dons pour les œuvres de l’église.
Enfin, elle assistait à la fête des cougourdons et en achetait beaucoup, elle était très curieuse des tournois de pétanque. Son amour pour les animaux faisait qu’elle offrait des fontaines à Nice (encore visibles au col du château de l’anglais et en haut d'autres montés, pour le bien-être des chevaux).

Elle appréciait les militaires et ces derniers lui rendaient les honneurs, en faisaient le « god save the queen ». On se souvient de l’évènement durant lequel plus de 10.000 soldats (dont beaucoup de chasseurs alpins) défilèrent sur la promenade des anglais » en son honneur.
Un des évènements les plus importants de ses séjours est l'inauguration du pont Barla (aujourd’hui détruit). Une inscription est encore présente mais peu visible. Enfin la reine assistait avec enthousiasme aux batailles des fleurs.

  • L'héritage de Victoria
La Reine est très intimement liée au souvenir d'une capitale touristique qui se développait grâce à sa présence, mais c'est aussi sous des aspects de bonté et de générosité que le souvenir de la Reine se diffuse à Nice.
En 1912 devant l’Hôtel Regina-Excelsior la Ville de Nice et le sculpteur Maubert offrirent une statue représentant des jeunes filles tendant des fleurs à Victoria. On signal également une Avenue Reine Victoria sur les hauteurs de Cimiez, voie qu'elle aimait emprunter pour ses promenades.

Récemment une culotte de Victoria a été acquise pour 5700 euros par un canadien (soit 9 fois la valeur initiale) ce qui démontre sous d’autres formes l’intérêt passionné de certains pour ce personnage historique.

3 commentaires:

  1. Lien vers mon blog qui relate en Mentounasc le séjour de la Reine Victoria à Mentan (Menton).

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  2. 
http://livrereinevictoria.free.fr

    Livre "Séjour de la reine Victoria aux Grands-Hôtels de Costebelle 
à Hyères en 1892" par une descendante de la famille 
propriétaire de ces Grands-Hôtels.

    Un ouvrage historique unique, abondamment illustré
    sur le séjour de cette grande reine qu'était VICTORIA d'Angleterre ou du Royaume-Uni, sur la Côte d'Azur,
    plus particulièrement aux "Grands-Hôtels de Costebelle"
    à Hyères.

    De ce "resort" de l'époque, composé de trois grands hôtels,
    le Grand-Hôtel de l'Ermitage, le Grand-Hôtel d'Albion et le Grand-Hôtel de Costebelle, il subsiste toujours le Grand-Hôtel de Costebelle où la reine Victoria a résidé avec sa nombreuse suite.

    A ce jour, le Grand-Hôtel de Costebelle tient lieu d'internat pour le Lycée Polyvalent de Costebelle.

    Ce lieu magique vit également le premier golf de 18 trous et la première piscine de la Côte d'Azur.

    BLOG : http://reinevictoriacostebelle1892.blogspot.fr

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  3. Bonjour,

    Article très complet qui reprend parfaitement les atouts de cette belle région.
    Concernant les transports en commun, ils ont augmenté les tarif, c'est désormais 1e50 le ticket.
    Si vous cherchez un hotel à Nice je vous conseilles l'hôtel le seize, j'y séjourne régulièrement, il dispose très bon rapport qualité/prix. C'est un 3 étoiles, le prix d'appel est de 65 euros et il a été rénové il y a moins d'un an. Voici le lien du site de l'hôtel si vous souhaitez y jeter un coup d'oeil :http://www.hotelseize.fr/fr/

    Cordialement

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