Une partie de la fontaine du Soleil de la place Masséna, œuvre d’Art qui fait partie à la fois de notre patrimoine culturel et de nos souvenirs de jeunesse, a enfin été remise en place.
œuvre du grand sculpteur Alfred Auguste Janniot, inaugurée en 1956, elle fut remplacée pour de très contestables motifs par un tertre de terre et des palmiers du plus mauvais effet, sous la mandature de qui vous savez.
La monumentale statue d’Apollon qui en était le centre avait été précédemment déplacée au stade Charles Erhmann, sous prétexte que sa nudité gênait les âmes prudes. Ce fut ensuite la fontaine toute entière qui fut démontée pour des raisons aussi invalides que les précédentes.
Pire encore, les magnifiques bronzes furent remisés au centre d’épuration des eaux usées et abandonnés comme de vieilles ferrailles à l’air marin qui les corrodaient et à la longue auraient achevé de les détruire.
Les Nouvelles Niçoises avaient alerté les Niçois sur mise en péril inacceptable de leur patrimoine. Dans le monde entier on célébrait le sculpteur Janniot, et Nice qui avait la chance de posséder deux de ses œuvres, les frises du monument aux Morts et la fontaine du Soleil, non seulement le négligeait, mais détruisait cette dernière… Les bronzes pourrissaient en silence, et beaucoup de gens s’interrogeaient sur leur sort. Quand nous avons découvert la triste vérité, nous avons consacré un numéro à cette affaire pour alerter l’opinion. Nous avons été suivi par la télévision et par la presse locale ; l’affaire a fait grand bruit. L’adjoint à la culture a été interpellé et par les journalistes et par l’association Janniot. Après des faux-fuyants et le silence, il fut bien contraint de prendre une position eu égard à l’opinion publique et à l’importance de l’œuvre. Il promit de faire restaurer les bronzes. Mais l’association Janniot, fort heureusement ne relâcha pas la pression. Lors d’expositions, notamment à New-York, dans les listes des œuvres de l’artiste, la fontaine du Soleil figurait bien, mais avec la mention : “supprimée par la mairie de Nice”. Cette situation devenait un scandale culturel national et international, d’autant que Nice postulait au titre de capitale culturelle. Les bronzes furent donc restaurés. Mais alors que les intéressés ne s’étaient pas pressés dans cette affaire, voilà aujourd’hui qu’ils ont fait replacer les bronzes à la hâte et restaurent la fontaine à la vitesse de l’éclair… Il ne s’agit évidemment pas d’un miracle, mais plus probablement de convenances politiques, mais dans ce domaine il ne suffit pas de courir pour rattraper un gros déficit de popularité, il faut partir à point… En effet, qui vous savez, sentant que son crédit à Nice est au vingtième sous-sol alors que les élections municipales sont proches, tente de calmer l’opinion en satisfaisant enfin ses souhaits ; nous voilà maintenant carressés dans le sens du poil ; mais une caresse furtive ne fait pas oublier deux mille coups de bâton… Evidemment, personne n’est dupe à Nice, car ce n’est pas un cadeau que de nous rendre ce dont on nous avait privé… Même si nous sommes très heureux de cette légitime restitution, les circonstances présentes, dévaluent passablement cette action que nous attendions depuis trop longtemps et que nous apprécions à sa juste valeur.M. Veto se déclare aujourd’hui “ravi et ému de la re-trouver” ce qui ne l’a pas empêché de la remplacer hier, par des palmiers (ce doit être une manie, car on plante d’inharmonieux alignements de palmiers partout, qui ressemblent, et ce n’est sans doute pas un hasard, à des soldats de plomb à la parade… ) et si nous n’avions alertés les Niçois, et s’ils ne s’étaient pas mobilisés, les bronzes qui “le ravissent et l’émeuvent” en période électorale seraient aujourd’hui réduits à des tas de ferrailles. C’est fou ce que la proximité des élections donne un cœur culturel aux hommes politiques en plein déclin… Le seul merci que nous devons c’est aux médias qui avaient suivi et repris notre protestation, à l’association Janniot et surtout aux Niçois, car c’est nous et non M. Veto, qui avons voulu cette restauration et qui l’avons payée de nos deniers. “J’ai fait”, “Je paye” mais c’est toujours avec notre argent. Ces “Je” qui trahissant une incommensurable prétention, semblent indiquer une appropriation jalouse de la ville et de ses habitants, mais à sens unique, car en amour il faut être deux... Dans ce cas, c’est plutôt : “je t’aime, moi non plus…”. Pour être plus clair : NOUS avons réclamé ce que l’on nous avait enlevé, NOUS avons payé les restaurations et NOUS sommes très satisfaits de NOUS. L’exécutant, pour des raisons politiciennes a été contraint de faire ce que NOUS voulions, merci à la proximité des élections municipales.
Maintenant il faut que la statue centrale représentant Apollon retrouve sa place, d’autant que les âmes prudes se font rares. Prochain combat, le monument de Garibaldi, il faut continuer à se mobiliser, à signer la pétition et à combattre ceux qui détruisent notre ville.