Bienvenue sur ce blog, n'hésitez pas à réagir aux articles.

La restauration des Monuments Historiques dans le cadre du Plan Patrimoine Antique - synthèse de la conférence de Pierre-Antoine Gatier

La restauration des Monuments Historiques dans le cadre du
Plan Patrimoine Antique,
L’Amphithéâtre et les Thermes de Cimiez

Synthèse de la conférence de Monsieur
Pierre-Antoine Gatier, Architecte en chef des Monuments Historiques

Télécharger la synthèse en PDF

Le Plan Patrimoine Antique : introduction au projet, enjeux et objectifs

La ville de Nice a décidé de restaurer les thermes et l’amphithéâtre de Cimiez, édifices classés à l’inventaire des Monuments Historiques peu après le rattachement du Comté de Nice à la France. Monsieur Gatier propose une présentation de cette « merveilleuse aventure », inscrite dans le cadre du « Plan Patrimoine Antique ».
Il s’agit d’un projet d’étude visant à la restauration et à la mise-en-valeur de monuments de la région. Ce projet est conduit par ministère de la culture (dirigé régionalement par la DRAC) et par la ville de Nice. Ce sont les deux acteurs d’une intervention contrôlée sur les monuments de Cimiez notamment.
Par l’intermédiaire de ce plan, on propose d’acquérir une meilleure connaissance scientifique de ces sites, dans le respect des travaux des précédant archéologues et architectes et restaurer les édifices afin de les livrer en bon état aux générations futures.
L’une des difficultés du projet consiste à inscrire l’édifice dans son temps : ces monuments ont une vie contemporaine (on parle de « réutilisation »). D’ailleurs parallèlement à ce plan d’autres monuments historiques sont souvent réutilisés pour des animations culturelles, comme les amphithéâtres de Fréjus ou Nîmes. On se demande comment assurer la cohérence entre la vie du monument dans notre époque et le respect du monument pour ce qu’il représente.
En tenant compte de cet aspect, le Plan Patrimoine Antique se donne pour objectifs la connaissance, la restauration et les moyens de réutilisation des édifices classés.

A propos de Cimiez ; remarques concernant la politique de classement

La présentation contemporaine du site résulte du regard archéologique développé sur ce paysage à partir du XVIII° siècle. On peut imaginer à l’époque que la plupart des vestiges étaient masqués, à l’exception de l’amphithéâtre et du « temple d’Apollon » (l’actuel frigidarium des termes du Nord), utilisé comme ferme. Ce terrain appartenait à une riche famille Niçoise et au début du XIX° siècle le propriétaire de la villa (l’actuel musée Matisse) était Garin de Coconato, un passionné d’archéologie et propriétaire d’un domaine agricole. C’est ce personnage et son architecte, Brun, qui ont propulsés Cimiez dans une reconnaissance archéologique qui a conférée au site la valeur patrimoniale dont il jouit aujourd’hui.
En effet, les vestiges ont été très tôt assimilés comme éléments marqueurs du territoire niçois puis français. Quand se produit le rattachement, l’une des premières décisions politique est de classer les monuments antiques dont le Trophée d’Auguste et l’Amphithéâtre de Cimiez. On en déduit que pour l’époque, le fait d’être français impliquait entre-autre d’avoir des monuments classés. Dans cet ordre d’idée on rappel qu’en 1947, les communes de Tende et de La Brigue furent rattachées à la France. Immédiatement alors les églises de la vallée de la Roya furent classées ; le rattachement semble induire un classement des monuments. Pour cette raison, dès 1865 (ce qui est très tôt car les 1er monuments historiques français sont classés en 1848) quelques monuments niçois figurent à l’inventaire des Monuments Historiques. Toutefois on doit souligner qu’ils étaient connus et avaient fait l’objet de certaines considérations par les pouvoirs locaux, avant 1860. En effet, la restauration Sarde avait pris en compte notamment l’amphithéâtre en 1837 en restaurant « de manière discrète » le monument.
On évoque également le cas du Trophée d’Auguste à La Turbie, qui fut restauré d’abord par les Sardes puis par les Monuments Historiques français (sous la direction de l’architecte Jules Formigé).

Les Monuments de Cimiez

Les archives photographiques montrent qu’en 1840, l’Amphithéâtre est utilisé dans sa partie centrale (arène) pour l’exploitation agricole. Certaines parties maçonnées du bâtiment sont même utilisées pour abriter du bétail : le monument vit avec son temps.
En 1864, les 1ers archéologues des sociétés savantes de Nice réalisent un « dossier de demande de classement ». Celui-ci abouti, de telle sorte qu’en 1865 l’amphithéâtre est classé. Après ce classement le 1er projet consiste à dévier la route à l’extérieur de l’amphithéâtre. Puis on restaure les grandes portes Nord et Sud, condamnées jusqu’alors par la route (Jean Camille Formigé travail vers 1900 sur la couverture des portes d’accès de l’amphithéâtre). L’examen des archives photographiques permet certaines remarques :
- La phase de déviation de la rue sur-creuse le niveau du sol et met à nu des fondations. Depuis, les niveaux antiques sont supposés 1 mètre au dessus du niveau actuel.
- L’observation de l’appareillage de l’édifice, notamment au niveau de la porte d’accès Sud permet de restituer des éléments de l’amphithéâtre qui protègent le passage d’un aqueduc (pour que des éléments effondrés ne tombent pas dans l’eau).
- Il n’y a pas de volonté absolue de conserver le monument archéologique, l’herbe envahie le site peu-après les restaurations. Le raccourci passant dans l’amphithéâtre est maintenu.
- Les archives livrent une correspondance de Jules Formigé (lettre avec croquis). Ce document est une grande avancée dans la mesure où il positionne l’amphithéâtre comme élément inscrit dans un système global, la cité antique de Cimiez.
C’est l’architecte Brun qui au XIX° siècle commence à dégager les structures de Cemenelum. A la mort de Monsieur Garin, un projet immobilier est prévu sur le site. Les sociétés savantes locales parviennent à alerter Jules Formigé de la valeur patrimoniale menacée et en 1941 la ville de Nice arrête ce projet de lotissement, en acquérant l’ancienne villa Garin de Coconato.
La mobilisation niçoise fusionnelle avec les Monuments Historique permet de sauver le site. C’est grâce à cette passion que le site bénéficie de fouilles importantes au milieu du XX° siècle.

Aujourd’hui on parvient à faire une cartographie des élévations grâce à des « photos redressées », malgré les espaces courbes générés par la forme ovale du bâtiment. Les plans informatisés des photographies redressée permettent de mieux rendre compte des maçonneries dans des aspects de chronologie (et phasages), niveaux de fondation, restaurations, état global, campagnes de travaux à venir...
D’autres études scientifiques (analyse des mortiers) permettent de donner de nouveaux indices. (Origine des matériaux, datation, regroupement avec d’autres parties voir d’autres édifices). Les travaux réalisés permettent de mieux comprendre l’édifice. On propose le phasage suivant : Le bâtiment de l’amphithéâtre semble se développer en 2 temps :
- Au Ier siècle aurait été construite une cavéa (sorte de socle). L’édifice se composait alors d’une maçonnerie posée sur le rocher et on se demande si des structures périphériques en bois étaient alors présentes. Cependant aucun trou de poteau n’a été découvert.
- Au III° siècle, une extension : c’est alors qu’on aurait élevé les cloisons et les tribunes avec des maçonneries.

Dans le cadre du Plan Patrimoine Antique on se demande quelle place pourrait avoir le bois dans la construction et restauration. Le challenge est de respecter le monument dans son apparence antique, en lui permettant de vivre et de servir dans le contexte actuel. Pour cela on propose un projet d’aménagement avec des gradins réversibles légers en bois qui permettraient d’installer un public là ou il était durant l’antiquité, en préservant les structures originelles et en limitant la monumentalisation de la restauration.

L’amphithéâtre de Cimiez est de très petite taille. C’est une leçon d’architecture même pour nos contemporains dans l’adaptation du bâtiment par rapport au relief et à la topographie du site. Dans le cadre du développement durable cet exemple illustre la grande intelligence des constructeurs romains à tirer parti du site, dans ses ressources naturelles et les moyens disponibles.
L’arène doit être restaurée. Cela pose problème dans le choix des matériaux et du niveau de sol.
On pose aussi le problème de la consolidation des vestiges.
On remarque que le monument rassemble des vestiges antiques, des éléments remontés par les Sardes ou les Monuments Historiques, et des éléments liés à l’évolution des usages tout au long de la période moderne. C’est l’emploi du Monument dans la vie quotidienne des populations locales et le profond respect témoigné vers l’Amphithéâtre de Cimiez qui ont permis à l’édifice de parvenir à nos jours.

Concilier Plan Patrimoine Antique et accueil des publics

L’ensemble des thermes de Cimiez forment un élément particulièrement intéressant en termes d’architecture, de restauration et d’étude archéologique. On doit se rappeler qu’il s’agit d’un fragment d’une cité antique. Pour aider à l’étude, les photographies d’époque peuvent révéler certains aspects.
Cimiez est un site antique composé d’ilots de vie découpés géométriquement par des voies. On annonce que la visite du site se fera suivant les tracés originels et dans la logique du plan antique. L’idée est de se déplacer dans l’ensemble du site en contextualisant tous les éléments des thermes et de la cité antique, mais aussi en liant le site à son musée. L’idée du parcours est de respecter l’agencement des pièces et les anciens « parcours des baigneurs ». La visite se fera sur des passerelles qui protégeront les vestiges et assureront l’accès aux personnes à mobilité réduite.
Les grands vestiges sont soumis à une érosion intensive, pour cela on annonce une couverture partielle des élévations pour assurer leur transmission, en proposant une restitution de toiture.

Aujourd’hui l’ACMH et l’archéologue ont une mission commune dans l’action portée sur le bâtiment et l’impact de la restauration. La genèse du projet inclut une réflexion et un processus d’aller-retour avec entre les acteurs et les publics dans le respect des travaux anciens. Ainsi on espère « donner à vivre Cemenelum » et faire en sorte que les personnes à mobilité réduite puissent aussi accéder au site.

Cycle de conférences sur l'Archéologie à Nice au CEDAC de Cimiez

Le CEDAC de Cimiez organise les « Rendez-vous avec Cimiez » : ce cycle de conférence a pour thème l'Histoire et l'Archéologie locale-récente par des spécialistes.
Programmation :
  • Vendredi 13 février 2009

« La restauration des monuments historiques dans le cadre du Plan Patrimoine Antique » par Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des Monuments Historiques.

  • Vendredi 13 mars 2009

« L’ancienne abbaye de Saint Pons », par Yann Codou, maître de conférences, Maison des Sciences de l’Homme, Nice.

  • Vendredi 3 avril 2009

« La création et l’évolution de la province des Alpes Maritimes », par Stéphane Morabito, docteur en Histoire Ancienne.

  • Vendredi 15 mai 2009

« Céménelum, une cité romaine et mérovingienne éphémère » par Monique Jannet, conservateur du patrimoine.

  • Vendredi 5 juin 2009

« A la découverte de Nice médiévale », par Marc Bouiron, conservateur du patrimoine, directeur de la Délégation du Patrimoine Historique.


NB : Les dates éloignées restent à être confirmées

Organisateur :
COMITÉ DES QUARTIERS DE CIMIEZ-RIMIEZ-BRANCOLAR-SCUDERI
Lieu des conférences :
Auditorium du cedac de Cimiez 49 avenue de la Marne
06100-NICE
Tel: 06 29 89 13 74

La Villa Arson, Conférence par son architecte Michel Marot à l’occasion de l’exposition au Forum de l’Urbanisme de Nice

A l'occasion de l'exposition sur le bâtiment de la Villa Arson une conférence de son architecte Michel Marot était organisée au Forum de l'Architecture et de l'Urbanisme.
On évoque la carrière de l'architecte Michel Marot et le bâtiment de la Villa Arson (et non-pas son contenu).
L'exposition se trouve au Forum d'Architecture et de l'Urbanisme de Nice et des renseignements complémentaires sont disponibles sur le site de la Villa Arson.

Au travers de la conférence, on essaye de « décortiquer » un style architectural inscrit dans un contexte particulier, entre les années 1950 et 1990 avec les reconstructions de l'après-guerre dans la France du baby-boom.
C'était une période durant laquelle l'architecture était différente d'aujourd'hui (dans la commande, dans les moyens, dans les besoins,...).
Né en 1926 à Troye, l'inspiration de Michel Marot vers l'architecture prend forme lors d'un devoir scolaire, vers l'âge de 9 ans. L'instituteur avait demandé de raconter un repas au Moyen-Age et Marot avait rendu son devoir sous la forme d'un dessin.

Puis il découvre la Bourgogne et la vie rurale.
Il est très intéressé par l'architecture « lourde » et c'est à ce moment que paraît un livre d'architecture, « L'Architecture Rurale et Bourgeoise ». Cette architecture vernaculaire influence sa vision et sa production globale.
Après la seconde guerre mondiale, la France est dans une période de reconstruction importante. L'urbanisme est très affecté par les nouveaux besoins.
A ce moment Marot part aux USA à l'Université d'Harvard. Il sillonne le pays et découvre avec stupéfaction New York et Chicago. Il se rend compte alors de l'explosion architecturale qui anime les USA et l'importance de nouvelles techniques comme le « mur-rideau ».
Marot n'hésite pas à comparer New York à Rome : il y a beaucoup de lieux de culte mais à New York ils sont plus variés dans le style et à Rome ils sont mieux intégrés dans le réseau urbain.

En 1954 Marot décroche le gros lot : il est grand prix de Rome avec son projet « Un centre de recherches africaines à Kano, dans le Nigéria britannique ». Ce prix donne d'énormes avantages à l'architecte, qui part étudier l'architecture aux 4 coins du monde.
Ses inspirations viennent surtout de Bologne dans ses couleurs (1er envoi) puis d'Istanbul avec ses mosquées (2nd envoi). Ces 2 villes ont un rapport d'urbanisme radicalement différent, avec les mosquées, églises, jardins, rues, bazars…
A Rome Marot propose un nouveau projet sur le monument de Victor Emanuel, le « dentier ». Son projet remanie profondément l'édifice et la presse de Rome titre immédiatement « imaginons qu'un jeune architecte italien change l'arc de triomphe »… Ironie du sort, Marot restaura a deux reprises l'Arc de Triomphe.

En 1965, le projet de Marot est retenu pour la réalisation de la villa Arson. La colline Saint-Barthélémy était connue depuis l'antiquité puisque des sépultures romaines ont été découvertes à proximité. On suppose également qu'un chemin reliait une route alpine à la voie littorale « via julia ». La colline a été urbanisée surtout à partir de la Belle-Époque avec son évêché et son clocher dans le style néo-médiéval.
L'architecte travaille sur « la peau » du bâtiment, sur la matière, la texture, le volume. Pour cela il innove en érigeant des murs de galets, et cherche à fondre le bâtiment avec le milieu naturel de la colline St Barthélémy (pins et oliviers).
Ce projet est assez énorme en superficie : sur les 2,3 hectares disponibles les constructions occupent 1,7 hectare.
Il s'agit d'aménager un complexe muséographique et d'école d'art international d'un nouveau type, installé sur plusieurs étages, favorisant la circulation et exploitant la luminosité.
Le projet se veut pratique puisqu'il inclut des logements, un restaurant, des parkings, salles d'exposition, salles de cours, et de nombreuses terrasses et espaces verts qui ouvrent le panorama de la plaine de Nice.
Une vieille maison du XVIII° siècle est préservée dans le projet mais on la repeint en rouge. Le chantier est redéfini par les mouvements de mai 68.
L'édifice est terminé en 1972. Il bénéficie du label Patrimoine du XX° siècle alors que la vieille villa est classée à l'inventaire des Monuments Historiques.
A l'occasion de l'exposition, les plans originels du projet et une maquette sont exposés au forum de l'urbanisme. Une présentation de la villa a été réalisée par informatique et grâce à un système d'écran tactile on peut découvrir le bâtiment, ses évolutions et principales caractéristiques.
Ci-dessous : maquette du projet "Villa Arson" par Marot, exposée au Forum d'Architecture et de l'Urbanisme.


Ci-dessous Michel Marot, architecte de la Villa Arson à l'occasion du vernissage de l'exposition.

Inauguration des nouveaux locaux du DRASSM - L’Estaque, visite de l’Archeonaute, présentation de pièces du Rhônes à Arles

Le Département de Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marine quitte le Fort St Jean pour de nouveaux locaux à l'Estaque. L'inauguration était Jeudi 22 janvier, en présence de la Ministre de la Culture Christine Albanel et du Maire de Marseille, Jean Claude Gaudin.

Le fort Saint Jean, inapproprié et dégradé sera le site des collections du MUCEM, le musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée.
En 1966, André Malraux créait le DRASSM qui était alors la 1ère institution officielle mondiale à prendre en compte le patrimoine archéologique sous-marin.
Aujourd'hui le bâtiment aux couleurs méditerranéennes « rouillées » se veut fonctionnel et vitrine de l'activité. Il sera le principal centre logistique pour l'étude de la zone de compétence du DRASSM, soit 11 millions de km² d'océans, mers, lacs, fleuves et rivières (Zone économique exclusive de la France, la 2e plus importante de la planète).
Ainsi les 30 personnels affiliés au DRASSM ont entre les mains un nouvel outil. A eux, aux amateurs passionnés des associations, aux scientifiques, aux étudiants, et plus largement à toute personne volontaire de valoriser ce patrimoine fabuleux.
La réalisation du projet a coutée 6,5 millions d'euros, pris en charge par le Ministère de la Culture.
Ainsi l'État marque un engagement important qui conforte au DRASSM une place de précurseur dans le secteur de l'archéologie sous-marine, avec des missions d'investigation, de conseil et d'expertise menées sous toutes les mers du globe, au profit de très nombreux pays, notamment dans des zones menacées par le développement des techniques de pêche à très grande profondeur et par l'industrialisation de la chasse aux trésors sous-marins.
On est néanmoins en droit de se demander si cet effort financier accompagnera régulièrement les chercheurs dans d'autres besoins tout autant indispensables (navires, matériels, personnels, etc…) mais peut-être moins spectaculaires médiatiquement.

  • Le nouveau DRASSM sert de base logistique. Il contient des bureaux, logements pour les scientifiques étrangers, bibliothèque, matériel d'opérations, etc...




  • L'Archéonaute est un ancien navire militaire à coque ronde. Il a été affreté pour le DRASSM dès la création, en 1966. Il pouvait accueillir une dizaine de plongeurs, les "archéonautes". Cette coque ronde rend le navire très instable et il gît constament. Par contre il ne peut physiquement pas tanguer de plus de 20°, ce qui lui permet de passer en mer formée (force 11 en allant à Malte !) Aujourd'hui c'est un véritable musée flottant, vestige d'une époque où l'Archéologie prennait son essor, sa visite fait remonter le temps.







  • Pour l'occasion de l'inauguration, l'attraction était la présentation de certaines pièces découvertes par Luc Long lors des récentes campagnes de fouille archéologique dans le Rhône, à Arles. Ainsi les spectateurs ont pu s'extasier devant la Victoire, la Vénus, le Macyas et le fameux buste de César.




La Reine Victoria et ses sejours sur la Cote d'Azur - synthèse de la conférence de Dominique ESCRIBE

La reine Victoria et ses séjours sur la Côte d’Azur
Synthèse de la conférence de Dominique ESCRIBE, Historien


La Reine Victoria est l’un des personnages qui a le plus marqué la Belle Époque sur la Côte d’Azur. Cette villégiature royale a renforcé l'aura de Nice en faisant une publicité gratuite pour la ville comme "capitale touristique de l'aristocratie". Pour cette raison on propose de dresser un portrait de ce personnage dans le cadre de la fin du XIX° siècle.

Quelques articles du blog sur le même sujet :



  • Présentation
Victoria est Reine le 28 juin 1838 à l'age de 18 ans : elle échappe ainsi au système de régence qui aurait été mis en place avant sa majorité, et au contrôle de sa mère avec qui elle entretenait des rapports tendus.
Les peintures officielles sont réalistes et peu gratifiantes pour la jeune Reine. En effet, physiquement Victoria ne représentait pas les codes esthétiques de l'époque et en était tout à fait consciente. Elle possédait en revanche une grande beauté intérieure : résolument moderne dans ses idéaux, Victoria diffuse une pensée sociale, de tolérance et d’ouverture d’esprit. Pour cela elle choisit son mari, qui n’est autre que son cousin germain, du même âge.

  • Quelques passages de sa vie
Elle se marie le 18 août 1840 et vie une véritable histoire d’amour qui donne naissance à 9 enfants. Le prince Albert est décrit comme sérieux, pieu et très intéressé par les questions sociales. Il écrit par exemple au 1er ministre anglais pour protester contre la situation ouvrière de Londres et demande une intervention sociale du gouvernement.
Victoria suit aussi l’actualité. Elle adore rire (ce n’est pas l’impression laissée par son iconographie qui affiche plutôt un personnage triste), la bonne chair, danser et les animaux (elle gracie des criminels sauf ceux qui ont affligés des souffrances aux animaux).

  • L’Angleterre de Victoria
C’est sous son règne que l’empire britannique devient l’une des nations les plus riches du monde, avec une industrie de pointe.
Londres accueille la première exposition universelle en 1851 dans le « palais de Cristal » aujourd’hui détruit .
La reine passe ses vacances en France, alors qu’aucun souverain anglais ne l’avait fait depuis le XV° siècle.
Cela constitue une grande avancée diplomatique et par ce rapprochement elle aide la monarchie de Louis-Philippe à s’affirmer sur le plan des relations européennes.

Ainsi pendant la guerre de Crimée, la France et l’Angleterre combattent ensemble et une distinction militaire importante est crée, la fameuse « Victoria Cross ».
Même sous Napoléon III, l’amitié Franco-anglaise persiste. Victoria accueille en amie la femme de Napoléon III, l’impératrice Eugénie.
Durant la guerre franco-prussienne de 1870 la reine Victoria est du côté de la France. Elle demande aux Prussiens de préserver Paris des destructions et des massacres et de conserver l’Alsace et la Lorraine à la France.

  • Autour de la Reine
Le tournant a lieu le 14 décembre 1861 quand son mari le Prince Albert meurt. La reine est défaite et sombre dans une dépression. Elle ordonne que l’on ne change rien dans sa chambre.
Ce bouleversement est un drame personnel qui perturbe le reste de sa vie. Elle fuit Londres et ne paraît plus au gouvernement. Le peuple anglais est au début très ému puis trouve cette réaction exagérée.
Victoria se remet peu à peu en rencontrant un écrivain, Disraeli. Elle est passionnée par cet homme. Il parvient à la faire revenir sur la scène politique et grâce à son soutient elle obtient le titre d'impératrice des Indes. En remerciement, elle le nomme comte de Picontfield.
La gloire et la popularité de Victoria se développent. En 1887 a lieu son jubilé, il ne rassemble pas moins de 50 rois et princes d’Europe.
On réalise un tableau de cet évènement , dupliqué en une centaines d’exemplaires dont un figure au musée Massena.
La reine est en très bonne forme pour son âge, on la voit danser aux bals.

Le jubilé de 1897 est encore plus fastueux. Il rassemble à Londres tous les 1ers ministres de l’empire anglais (Canada, Australie…).
En 1898, la reine est la premier à s’adresse au monde entier grâce au phonographe, encore un signe de sa modernité.

  • La reine dans la région Niçoise
Son premier séjour se passe à Menton en 1882, avec Brawn, son domestique. On se demande jusqu’ou leur relation est allée, c’est très contraire à l’esprit du temps mais elle était très sensible au physique des hommes. D’ailleurs dans son testament, elle souhaite qu’il y est des souvenirs d’Albert et de Brawn dans son cercueil.
Après la mort de Brawn, ses séjours sur la côte furent plus fréquents car Brawn ne supportait pas le soleil. Elle est fortement éprise de la région.
Mais d'une manière générale, la reine aime les paysages Français.
Elle déclare : « si une guerre devait avoir lieu entre la France et l’Angleterre, je demande à Dieu la grâce de mourir avant ».
Les niçois la voient à 5 reprises à Cimiez : 1895, 1896, 1897, 1898 et 1899. Elle ne revient pas en 1900 car durant la guerre des Boers la France prend le partie des bourgs et la reine a peur des manifestations.
La mort la rattrape alors qu’elle passait l’hiver sur l'Île de Wight, le 22 janvier 1901, ayant régné plus que n'importe quel monarque britannique (plus de soixante-trois ans). On raconte qu’elle aurait dit peu avant « Ah si seulement j’étais à Nice, je guérirai ! ».


  • La villégiature royale
Il s’agit de vacances et de soins sur des séjours d’environ 6 semaines, organisés chaque année. L’évènement est très solennel et fait appel à un ensemble de protocoles méticuleux.
Victoria arrive par un train spécial de 110 mètres de long. Il comprend outre la motrice, une voiture pour les bagages précieux, une voiture pour la toilette, une autre pour la salle de bain et des salons, 2 wagons privés pour la reine, 1 wagon pour ses domestiques, 2 wagons de salons lits, 1 avec un couloir de circulation pour les domestiques, et enfin plusieurs pour les bagages.
Mais déjà avant son arrivée une partie du mobilier royal est expédié, de sorte que lorsque la reine arrive elle trouve ses appartements aménagés avec son mobilier.
Le premier séjour à Nice se passe au Grand-Hôtel, vers Carabacel. Victoria se trouve un peu à l’étroit et on craint qu’elle ne revienne plus !
Alors on charge un architecte reconnu (Biasini) de construire un Hôtel, l’Excelsior Régina. La reine y réserve 80 chambres coté Ouest (la où la vue sur Nice et la baie des anges est exceptionnelle). Depuis, l’aile Ouest du bâtiment est surplombée d’une couronne.
Toute une équipe s’occupe de ses désirs : musiciens, cuisiniers, chauffeurs, cochers : le staff est extrêmement coûteux. On lui demande de réduire son personnel, mais elle refuse ! Elle payait pour 6 semaines 80.000francs or !

Cet hôte de marque diffuse une publicité gratuite pour Nice. Un correspondant dresse un bilan quotidien de l’activité de la reine, et tous les jours la presse anglaise vante le cadre de vie de la reine : Nice et ses paysages ne pouvaient pas rêver d’une meilleur occasion de développer le tourisme de luxe, au moment ou ¼ de la planète a pour souverain la reine d’Angleterre !

L’emploi du temps royal est souvent peint par Mossa en aquarelles.

Le Petit déjeuner se fait en musique : l’orchestre généralement italien donne l’aubade.
En fin de matinée vers 11h a lieu une promenade en voiture (attelée à un âne : le « Jacou » : qu'elle a acheté pendant une promenade à Aix-les bains car il était mal traité) souvent dans des parcs de Nice, le parc Liserb par exemple, qui pour l’occasion était loué avec sa villa d’agrément. La reine aimait se promener dans les parcs luxurieux de Valrose, sur la colline du château, dans le parc de la villa matisse…La voiture royale est aujourd’hui conservée au musée de fontainebleau.
L’une des surprise des niçois étaient les serviteurs royaux : le matin les écossais en kilt jouaient de la cornemuse, et l’après-midi des indiens en costume traditionnel servaient le thé. Ce manège et cette diversité culturelle surprenaient et amusaient alors les autochtones.
A midi, le repas était souvent l’occasion de rassembler des invités de marque ou membres de la famille royale.
Pour l’après-midi la reine organisait une grande promenade. Souvent le cortège passait par les arènes de Cimiez, il était annoncé par un cavalier niçois (le piqueur).

La reine aimait prendre de la hauteur sur les paysages de la baie des Anges et faisait de longues promenades en calèche sur les collines de Nice telles que Fabron, le Mont-Boron (château de l’anglais), Gairaut, Aspremont…

Il semble que la reine était très appréciée par les niçois (alors qu’elle était décrite d’apparence physique modeste : petite, tassée, habillée de noir comme une « nourrice » !) On a le souvenir de "quelqu’un de généreux pour une anglaise", elle aurait donné une pièce d’or à une petite fille contre des fleurs …
Mais elle ne supportait pas les divorcés : l’amour qu’elle avait pour son mari faisait qu’elle ne concevait pas qu’on se sépare. En revanche elle était très libérale pour le mariage. Sa conviction pour le mariage d’amour agaçait l’aristocratie conservatrice, même dans sa famille.
D’autres traits de caractère la placent comme très sociale : elle refuse l’augmentation du prix de la bière (boisson des classes populaires) car « ils ont assez de misère » selon elle.
C’est aussi un personnage respectueux des croyances locales. A plusieurs reprises durant les funérailles de personnages modestes elle ne dépassait pas les cortèges. Une autre fois en se promenant dans la vieille ville, elle croisa une procession de pénitents rouge. Cette culture l’intriguait si bien que l’an suivant elle assista à la procession. Une légende dit que la reine voulait se convertir au catholicisme. Si cela semble farfelu la reine a néanmoins offert de nombreux dons pour les œuvres de l’église.
Enfin, elle assistait à la fête des cougourdons et en achetait beaucoup, elle était très curieuse des tournois de pétanque. Son amour pour les animaux faisait qu’elle offrait des fontaines à Nice (encore visibles au col du château de l’anglais et en haut d'autres montés, pour le bien-être des chevaux).

Elle appréciait les militaires et ces derniers lui rendaient les honneurs, en faisaient le « god save the queen ». On se souvient de l’évènement durant lequel plus de 10.000 soldats (dont beaucoup de chasseurs alpins) défilèrent sur la promenade des anglais » en son honneur.
Un des évènements les plus importants de ses séjours est l'inauguration du pont Barla (aujourd’hui détruit). Une inscription est encore présente mais peu visible. Enfin la reine assistait avec enthousiasme aux batailles des fleurs.

  • L'héritage de Victoria
La Reine est très intimement liée au souvenir d'une capitale touristique qui se développait grâce à sa présence, mais c'est aussi sous des aspects de bonté et de générosité que le souvenir de la Reine se diffuse à Nice.
En 1912 devant l’Hôtel Regina-Excelsior la Ville de Nice et le sculpteur Maubert offrirent une statue représentant des jeunes filles tendant des fleurs à Victoria. On signal également une Avenue Reine Victoria sur les hauteurs de Cimiez, voie qu'elle aimait emprunter pour ses promenades.

Récemment une culotte de Victoria a été acquise pour 5700 euros par un canadien (soit 9 fois la valeur initiale) ce qui démontre sous d’autres formes l’intérêt passionné de certains pour ce personnage historique.