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municipales : Estrosi sur les chapeaux de roues

Résultats des votes, 1er tour éléctions municipales de Nice :

Sans surprise le dépouillement donne deux candidats de droite en tête : Christian Estrosi recueille 35,8% des suffrages, et creuse l’écart avec son challenger divers-droite Jacques Peyrat. Le maire sortant, avec 23%, devance malgré tout la liste du socialiste Patrick Allemand (22,3%). Ces trois candidats s’affronteront donc dans le cadre du second tour.
Notons l'affaissement du score d'Estrosi par rapport aux premiers sondages qui le créditaient de plus de 40% d'intention de vote.

Exit l’autre candidat de gauche Patrick Mottard (6,4%) et le candidat du MoDem Hervé Cael (3,1%).
Côté extrème droite, le Front National, victime de la guerre Estrosi-Peyrat, n’obtient que 4,1%.
Les identitaires de Vardon frôlent les 3%.

Estrosi démissionnera s'il est élu à Nice :

Le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer Christian Estrosi a annoncé aujourd'hui qu'il démissionnerait du gouvernement s'il est élu maire de Nice."Je veux aujourd'hui solennellement annoncer que Nice sera demain ma seule priorité (...). Dans cet esprit je quitterai dès mon élection mes fonctions ministérielles pour me consacrer uniquement et totalement à la gestion de notre ville", a dit M. Estrosi lors d'une conférence de presse.

Hier, M. Estrosi a obtenu 35,80% des voix, moins que ce que lui annonçaient les sondages. Il devra affronter au second tour le maire sortant de Nice Jacques Peyrat, qui a obtenu 23,14%, et le candidat socialiste Patrick Allemand (22,30%).
Source : AFP

Mini Motocross Mouans-Sartoux




Je m'amuse tellement avec ma mini-motocross que je vous propose ici la première vidéo, réalisée sur un terrain de cross à Mouans-Sartoux. Le résultat n'est pas glorieux mais l'important, c'est de s'amuser !



(15 mo)

Municipales de Nice 2008


La bataille des municipales fait rage à Nice avec pas moins de 7 candidats.
Le favoris, Estrosi de l'UMP caracole en tête des sondages avec près de 40% des intentions de vote.
Le maire sortant, Jacques Peayrat - sans étiquette, le talonne avec plus de 20%, suivi de près par un autre candidat, le socialiste Patrick Allemand donné à près de 20% des intentions de vote.
La surprise est possible puisque les deux premiers candidats sont de droite, et que le troisième homme est assis sur le conglomérat de plusieurs partis de gauche.
En cas de triangulaire, la ville pourrait bien basculer.
Mais pour l'instant il est vraisemblable qu'Estrosi cumulera en plus de ses fonctions de ministre et de président au conseil général un mandat de maire.
On vera dimanche !




L'immigration italienne à Nice, de l'entre-deux guerres à la fin de la 2ème guerre mondiale

L’immigration italienne à Nice :

Il est important de discerner deux raisons fondamentales de l’immigration italienne, à savoir une immigration économique, et une immigration politique.
En effet, l’immigré italien peut être :
- un travailleur qui vient chercher un meilleur salaire.
- un opposant à Mussolini : les « fuorusciti ».
- un fasciste qui vient accompagner et/ou surveiller la communauté.

L’immigration s’imbrique dans les relations diplomatiques franco/italiennes :
Le contexte de la victoire mutilée et le sentiment que l’Italie a été oubliée (traité de Versailles) ainsi que diverses tensions tels que les propos Mussoliniens anti-français rendent la situation instable.

La montée du fascisme Italien crée un problème diplomatique en France :
Mussolini diffuse ses conceptions fascistes en France par le biais de faisceaux, des groupuscules qui s’implantent dans près de 10.000 villes françaises.
Le gouvernement craint que le développement de ces groupes politiques crée des affrontements inter-italiens sur le sol français.
En 1924/25, quand Mussolini affirme son pouvoir, la perspective d’une guerre France-Italie apparaît et place Nice comme un enjeu stratégique. Le révisionnisme Mussolinien apparaît fréquemment dans ses discours, marqués par la volonté de s’approprier les territoires latins du comté de Nice, de la Savoie et de la Corse.
Avant de les récupérer militairement, Mussolini encourage une vague de colonisation par l’immigration.
A Nice la tension est à son comble. On vit dans une psychose. En 1927, de nombreux incidents de frontière avec pénétration de carabiniers dans le haut-pays justifient les craintes d’une invasion imminente.
L’armée française se regroupe à Menton avec une flotte importante, tandis que l’armée italienne militarise la frontière.
En 1927 a lieu une rencontre diplomatique à Nice pour tenter de calmer la situation.

1. L’importance de l’immigration italienne :

L’immigration italienne est un enjeu important entre la France et l’Italie.
C’est une manne providentielle du fait de la baisse démographique et des difficultés économiques engendrées par le conflit.
A ce moment l’Italie était enlisée dans des difficultés économiques et dans la montée progressive du fascisme.
Logiquement alors les Alpes Maritimes faisaient office de terre d’accueil :
En France en 1921 on comptait 450.000 italiens, dont 75.000 dans les A.M.
En 1931 on en comptait 1000.000, dont 120.000 dans les A.M.

A Nice, les immigrés italiens venaient essentiellement des régions voisines du Nord de l’Italie : Piémont, Ligurie. C’était une population jeune et mixte.
1 immigré sur trois était actif en 1926 : ils travaillaient dans l’industrie ou dans l’agriculture (1/10), dans le bâtiment (1/4), ou dans l’habillement, la vannerie, l’hotelerie, les domestiques, concierges, jardiniers, chauffeurs, commerçants…
Beaucoup vivaient néanmoins dans des conditions précaires, en bidon-ville.
Cette communauté a été vite marginalisée, d’autant que les immigrés restaient très solidaires et à l’écart des autres.

2. Immigration et relations franco-italiennes dans les années 20 :

La source du conflit diplomatique est l’ancien comté. En plus, la présence italienne est très massive dans les A.M. Il y a un jeux d’influence décisif sur ces populations immigrées.
En 1925/26, les lois fascistisimes de Mussolini donnent un avant-goût de son pouvoir : « irrédentisme » (récupérer un territoire qui appartenait il y a longtemps).
Des pôles italiens se développent en Corse, Savoie et Alpes Maritimes afin de verrouiller la situation.
Ces pôles sont les « fasci all’estero » : se sont des groupuscules présents dans 20.000 villes françaises sous la forme de consulat.
Il s’agit d’une structure qui confond habillement l’Italie et Mussolini, avec pour objectif de préserver l’italianité des immigrés et empêcher leur intégration. Pour cela ces groupes utilisent la propagande, l’embrigadement, le contrôle social…

Ces tensions sont particulièrement exacerbées à Nice. L’immigration n’est pas toujours bien perçue par les niçois qui développent des sentiments de concurrence sur le marché du travail et de la xénophobie.
Les réfugiés italiens, « fuorusciti » mènent des actions depuis l’étranger contre le gouvernement Mussolinien.
Ces actions antifascistes font finalement écho à celles des immigrés italiens fascistes.
Le développement de ces groupes accroît les tensions entre les communautés, notamment à Nice, surtout après le meurtre du député italien Matéoti en 1924.
Cet événement crée de grandes manifestations et des violences, entre 1924 et 1929.
Ainsi apparaît une tentative d’unité nationale italienne antifasciste. En France, on remarque deux pôles importants, l’un dans le Sud-est, l’autre dans le Sud-ouest.

En 1926, c’est l’apogée du nombre d’immigrés italiens dans les A.M. (postérieurement le nombre décroît surtout en raison de ceux qui obtiennent la nationalité française). On assiste alors à la radicalisation du discours fasciste, l’augmentation du nombre de provocations avec par exemple le révisionnisme des traités. L’immigration est décrite comme une « colonisation en douceur ».
La frontière au niveau de Menton est hyper surveillée et médiatisée.

Ainsi se propage à Nice la psychose de l’invasion italienne imminente. Il est vrai cependant que la frontière subi une militarisation importante et qu’il y a régulièrement des incidents à la gare internationale de Vintimille entre les cheminots français et italiens.
Une presse fasciste se développe et est diffusée à Nice : « il pensiero latino ».

3. La surveillance policière de la communauté italienne :

Les tensions engendrées par les communautés d’immigrés italiens effrayent les français. Face à cette menace, le ministère de l’intérieur demande la surveillance par la police des immigrés. Ainsi débutent les premiers fichages, expulsions… Cette démarche de renseignements est très médiatisée par les quotidiens.
Ainsi les enquêtes policières se justifient : on déjoue les attentats, les pièges. La tension serait régulée.
L’une des stratégies de Mussolini serait d’envoyer à Nice notamment des « agents provocateurs » qui convaincraient des immigrés de rentrer en Italie assassiner Mussolini. Ainsi 4 tentatives d’assassina auraient été avortées (la cible est en réalité le commanditaire de l’assassina).
Ainsi Nice serait perçue en Italie comme le berceau des opposants. Cela justifierai la conquête.
Face à cette stratégie le gouvernement français répond par la prévention et la surveillance des groupes italiens, fascistes ou opposants. Toute manifestation pro ou anti Mussolini est interdite. Les méthodes des R.G. sont dès lors les filatures, infiltrations, analyse de presses, espionnage, emprisonnement et expulsions.
On interdit certains journaux ou associations.
La police essaye d’égaliser ses actions vers chaque camp politique. Mais globalement l’action des pouvoirs publics est limitée à cause du manque de moyens, de la lourdeur administrative et des mauvaises connaissances de la langue italienne.

4. Le fascisme dans les Alpes Maritimes :

Il apparaît sous diverses formes dès 1923 après l’épisode de la marche sur Rome, avec des associations et un réseau d’espions.
A la même époque un homme Bonservizi développe un journal, « Italia Nuova » orienté sur l’idéal mussolinien. Il est assassiné en 1924.
Dans les Alpes Maritimes, les fasci (goupes mussoliniens) se développent en encadrant des enfants (colonies de vacance), en faisant des œuvres d’assistance (« casa degli italiani »), des évènements comme la « Befana fascista » (une fête avec des cadeaux)…
Les fasci constituent un réseau dense et hiérarchisé :
· Le Consulat Général, établi à Nice
· Le Vice Consulat, à Cannes et Menton
· Les Agences Consulaires de Villefranche, Antibes et Grasse
Une société « Dante Alighieri » relaye le message Mussolinien aux classes sociales plus élevées.

Les figures locales du fascisme sont
- le baron Le Brecht
- le capitaine Drugmann
Ces hommes se disputent le pouvoir, chacun représentant soit les fasci, soit le consulat.
Drugmann triomphe en 22/23. Ce dernier est soutenu par Rome mais il est contraint de démissionner suite à une affaire spectaculaire à Nice.
Le 21 avril 1924 a lieu dans la vieille-ville une manifestation pro-mussolinienne suite à l’assassina de Buonservizi. Le groupe de manifestant, guidé par Drugmann se rassemble alors à l’église St Jaume, où est béni le « gagliareletto » (fanion mussolinien). Cet évènement entraîne alors un soulèvement rapide des anti-mussolinien qui se massent au dehors de l’église. Une émeute et des combats violents ont lieu durant deux heures dans le vieux-Nice.
Cet évènement rend impopulaire le mouvement fasciste et il disparaît pendant plus de 2 ans de Nice.
En 1925, l’apparition du journal « Pensiero Latino » remet en selle les fascistes locaux. Pour le contrer, l’opposition publie son propre journal entre 1925/26, et tente même de supplanter les deux éditions locales. « La France de Nice et du Sud-Est » apparaît ainsi, grâce au financement du maire de Beaulieu A. Dubarry. Le journal s’oriente comme organe de presse anti-fascistes, radicalement à gauche.
L’innovation de cette édition est le contact avec des élites italiennes et la publication de deux pages en italien, résolument ordurières à l’encontre de Mussolini avec notamment les Campolonghi (père & fils).
Cette guerre des presses implique rapidement des actions de militants, ce qui oblige à l’intervention policière.
En 1928 le Pensiero Latino est interdit en France, ce qui immédiatement réduit l’activité fasciste et paradoxalement diminue l’impact de l’autre journal (La France de Nice et du Sud-Est).

Le 1er septembre 1930, un attenta au restaurant des « lilas blancs » commis en pleine réunion fasciste tue 10 activistes.

L’affaire Garibaldi fait grand bruit :
Riciotti Garibaldi est connu pour son activisme anti-fa. Il est également honoré par son courage lors de la 1ère guerre mondiale. Le journal « La France de Nice et du Sud Est » révèle alors qu’il serait en vérité un espion à la solde de Mussolini. Il est jugé puis expulsé hors de France. Cette affaire provoque une émotion vive à Nice, le nom de Garibaldi est souillé.

5. Les anti-fascistes dans les Alpes Maritimes :

Ce groupe est un agrégat de plusieurs horizons politiques. Il est composé de communistes, de radicaux, d’anarchistes, et d’autres opinions divers et disparates.
Cela engendre des difficultés de coordination, ils n’arrivent pas à construire une opposition valable.
En 1928, à Nice :
- P.C. : 100 adhérents italiens.
- La Ligue des Droits de l’Homme : 100 adhérents italiens.
- Socialistes : 400.

6. Les conséquences des relations franco-italiennes :

La population niçoise perçoit l’immigration italienne d’un mauvais œil. Pourtant il s’agit d’une culture similaire. Mais des sentiments de rejet et de xénophobie se font sentir.
Dans l’entre-deux guerres (conjoncture de crise), un racisme anti-italien donne lieu à une véritable « italophobie » et à des préjugés : « tous des communistes/fascistes » La guerre de 43 et l’arrivée de l’armée italienne dans le département entraîne une immigration politique et la diversité sociale des populations italienne.
Le 28 août 1944, Nice est libérée. La population souhaite alors punir ces immigrés, surtout la vague arrivée sous l’occupation entre le 11 novembre 1942 et le 8 septembre 1943. C’est l’ultime soubresaut de l’italophobie.
Un journal apparaît pour l’occasion, « l’Ergo ». Il publie des listes de noms de fascistes.
Pour épurer le département de nombreuses expulsions sont réalisées. En 1945 le bal du 14 juillet de Carras se transforme en pugilat : 2 carabiniers sont tués, la police américaine ramène le calme dans le quartier.
A Menton un camp d’immigration est installé dans l’hôtel Caravan. Cette italophobie est la fin d’un cycle de vengeances. Dans l’après guerre ce sentiment disparaît.

Nice pendant la première guerre mondiale

Le tourisme, l’économie, la fonction d’accueil, l’ordre social et culturel, autant d’éléments constitutifs de la vie niçoise sont profondément bouleversés par la première guerre mondiale.

1. L’état d’esprit des populations face à la guerre :

La déclaration de la première guerre mondiale est accompagnée à Nice par une manifestation massive de patriotisme, dès juillet 1914 (déclaration de guerre, début de mobilisation)…
Le patriotisme niçois est très marqué avec la création d'un calendrier aménagé pour un effort de guerre :
- secours aux soldats,
- « journées nationales » lancées par des associations pour récolter des fonds et impliquer les civils,
- La presse locale diffuse des ordres de mobilisation, traque les non-mobilisés,
Les deux quotidiens locaux (le petit niçois & l’éclaireur de Nice) concluent une trève et oeuvrent au coude à coude pour un effort de guerre.
- On crée un commerce : « galas de bien-faisance », « ouvroires » (travaux bénévols féminins).
- Des emprunts : les azuréens prêtent leur argent pour soutenir l’effort de guerre.
Cette politique patriotique est organisée par les pouvoirs politiques et religieux, qui soutiennent l’action militaire française mais dès 1916, l’enlisement des combats fait diminuer ce soutient.

Le 11 novembre 1918, l’armistice déclenche une explosion de joie notamment à Nice et on rebaptise certaines rues.
Nice est alors française depuis 50 ans. Les populations ont affichées leur volonté d’intégration (cette guerre aura servie de ciment d’intégration nationale pour les populations de l’ancien comté).
Ce phénomène n’a rien a voir avec la guerre franco-prussiène de 1870. Ainsi en 50 ans à Nice les mentalités ont évoluées fortement.
On crée des lieux de culte du patriotisme :
- la tombe de Gambetta
- la statue de Massena
- la statue de Garibaldi
- plus tard le monument aux morts

a. Une guerre très douloureuse :

La guerre tue plus de 3600 niçois, et autant de soldats originaires du département. Presque toujours, les appelés de la région ont servis dans le XVème corps. Il s’agit d’un corps déconsidéré de l’armée française : il est souvent envoyé en première ligne au feu et participe aux opérations massives et dures (en Lorraine, Alsace, Belgique…).
Dès 1916, les offensives meurtrières entraînent un recul des troupes françaises et une série de défaites. On accuse l’état major français d’incompétence. Ce dernier se retourne alors contre le XVème corps. Les soldats du Sud deviennent les bouc-émissaires des défaites militaires françaises.
Le quotidien parisien « Le Matin » critique vivement le XVème corps » en titrant « la faiblesse du XVème corps ».
Dès lors, la provence et le Sud de la France sont mis au banc de la nation.
Les réactions sont alors nombreuses et vives dans les régions concernées.
Pendant ce temps là sur le front, le XVème se bat et accumule les défaites. La moitié de ses effectifs sont morts, soit 10.000 soldats. L’acharnement médiatique ne faiblit pas : on parle du « moins français des corps d’armée ».
Au sein de l’armée, le XVème et ses soldats sont la risée des troupes. Ils supportent brimades et réflexions.

Jusqu’en 1918 à l’armistice cette douleur est très marquée.
Les journaux locaux se lient ensemble et portent une « demande de réparation » solennelle au président de la république, Paul Deschanel.
Il vient à Nice le 10 mars 1920, porte réparation et inaugure la place du XVème corps.
Dans les années 20, les articles de la presse divergent quand au rôle du XVème durant les conflits.
Ce n’est qu’en 1928 que le Maréchal Foch rend hommage au XVème durant l’inauguration du monument aux morts.
Ses combattants deviennent alors héros de guerre : Jean Médecin, Général Goirant… l’extreme diversité des situations des anciens combattants implique enfin les populations locales et prouve leur patriotisme.

b. La vie quotidienne durant le conflit :

La société est marquée par la hausse soudaine de la germanophobie. Cette haine et crainte existait avant le conflit (présence allemande massive jusqu’en 1914 sur la côte) mais elle était atténuée.
Entre 1870 et 1914, les cours princières allemandes venaient sur la côte. Souvent ces grands aristocrates ont peu de rapport avec l’armée allemande ou même le gouvernement, les niçois leur reprochent la germanité.
La guerre projette la société dans une pensée raciste qui mène à détruire les biens supposés allemands.

A Nice, ces allemands peuvent appartenir à un autre groupe social : les travailleurs (ils ont une emprise conséquente sur l’économie).
Dès 1911 le groupe politique pro-monarchique « Action Française » montrait du doigt les allemands des Alpes-Maritimes. Ils étaient alors près de 2.000 à vivre et travailler, surtout sur la riviera : Beaulieu, Cap d’Ail, Menton…
La germanophobie frappe le 5 août 1914 : tous les hôteliers allemands membre du syndicat sont rayés. Ces derniers se protègent alors par le biais du corps diplomatique, qui négocie et évite la saisie/réquisition des hôtels.
La germanophobie réagi en créant une Ligue Régionale de Protection Anti-germanique de la Côte d’Azur. Cette ligue profite aux commerçants et industriels locaux puisqu’elle prône un boycott des enseignes allemandes ou réputées comme tel. La ligue est soutenue par des personnalités politiques diverses (Goirant, De Joly)…
Mais l’emprise économique allemande sur la côte est assez forte : 70% des activités à Menton sont tenues par eux. Ils participent également à l’essor économique et commercial de la région notamment à Grasse avec l’industrie du parfum où ils sont des clients importants.

Mais la création de cette ligue n’est que la face visible d’une véritable « psychose de l’espion allemand ». Des légendes et rumeurs circulent (bombardements, survols nocturnes, infiltrations…)
En 1914, on pille certains magasins « allemands » :
- les bouillons « kub » sont systématiquement détuits.
- Le lait « Maggy » est réputé empoisonné.
Marc Bloch entreprend un travail de recensement des rumeurs dans une œuvre de 1920.
Cette germanophobie crée des problèmes divers en Alsace et Lorraine.

En 1915, une rumeur circule : l’Italie va entrer en guerre aux côtés de l’Allemagne (ce qui est faux : elle se place dans le camp français). Cette rumeur alimente les psychoses niçoises.
On amplifie la germanophobie en confisquant les biens allemands, on débaptise certaines rues, et même les noms communs : un chien berger allemand devient un « loup d’alsace ».

La pauvreté et le boulversement démographique entraîne également la monté de la délinquance.
Dès 1915/16, on enregistrement un fort accroissement des cambriolages, de la mendicité, prostitution.Ceci peut s’expliquer par la baisse des effectifs de police, le manque d’éclairage public, le nombre de jeunes désoeuvrés (sans père).L’insalubrité, l’insécurité, la drogue, les bagarres, les traffics… autant de maux qui rongent les populations de Nice. En 1915, le vieux-Nice concentre des fumeries d’oppium.
Des bandes de voyous sont craintes :
- la Cloche en l’air : une des bandes les plus célèbres et redoutées de Nice : rapines, vols…
- l’As de pic : une bande de Riquier.
Ces groupes sont mystifiés par la presse, friande d’anecdotes. Le vieux-Nice est perçu comme mystérieux et dangereux.

2. Economie et société : le ravitaillement pendant la guerre :

La question du ravitaillement de l’extrème Sud-Est de la France a soulevé de gros problèmes.
L’organisation dirigiste n’a pas su faire face à la ruée des consommateurs à l’annonce de la guerre : l’amas de provisions entraîne des queues interminables, qui entraînent des hausses de prix, et des tensions.
Les produits courants : patates, viande, pain… sont suspects aux yeux des consommateurs : on suppose des ententes, magouilles des commerçants et cela débouche sur des conflits.
Les pouvoirs publics réagissent en punissant les commerçants qui violent la loi. Une commission départementale d’alimentation est crée. Cette structure dirigiste contrôle la situation jusqu’en 1915 environ.
Alors que Marseille est peu ravitaillée, la proximité de l’Italie permet un approvisionnement convenable aux niçois.
Mais 1915 marque l’entrée en guerre de l’Italie. Ses productions alimentaires ne sont plus autant exportées.
Dans le même temps en France toute l’économie et les transports sont consacrés à l’effort de guerre.
Cette déterioration de 1915 se maintient jusqu’à la fin du conflit avec une année particulièrement rude en 1917 :
Rationnement du sucre (mars 1917), réglementation sur le blé, peu de gaz et de pétrole commercialisé, peu d’éclairage…
En février 1917 les commerces jugés luxueux (salons de thé, confiseries, pâtisseries) sont fermés.
En mai 1917 les boucheries doivent fermer 2 jours par semaine.
On cherche à rentabiliser la terre systématiquement : des semailles sont plantées partout en ville, on vit en autarcie.

Les difficultés ne disparaissent pas avec l’armistice et cette situation perdure jusqu’en 1921.
Les difficultés des commerçants niçois entraînent fraudes et marché noir.
Marseille est critiquée et la situation de disette provoque une indignation « anti-marseillaise » (Marseille ferme les vannes). Les élus locaux sont également l’objet de critiques vives. Les aristocrates sont visés par le peuple, eux qui consomment « sans contraintes ni restrictions ».
Les consommateurs s’approchent de la presse pour créer des comités de défense et de surveillance.

De ce phénomène il faut souligner l’extrême vulnérabilité du département qui n’assure pas sa propre subsistance.
Alors qu’en 1914 Nice était la capitale mondiale du tourisme, la ville durant la seconde guerre mondiale devient une commune de second rang.
Ce bouleversement est durable mais confère aux Alpes-Maritimes une fonction nouvelle de terre d’accueil des soldats blessés et réfugiés.

Les premiers blessés du front arrivent sur la côte des août 1914. Leur rassemblement sur la région niçoise s’explique par l’éloignement du front, le climat, et surtout le nombre de lits disponibles.
Les premiers soldats sont plutôt bien accueillis. Ce sont généralement ceux qui ne repartiront pas sur le front. Mais l’afflux massif des blessés sature rapidement les services.
En septembre 1914 on en compte 5.000 à Nice, et 10.000 dans le département.
On réquisitionne des villas, hôtels, on manque de personnel.
Les convois sont incessants. Les accueils sont bons. On propose des concerts, conférences, distractions diverses. Pour les populations locales l’implication dans l’accueil des blessés du front est une forme de participation au conflit.

Il arrive un autre flux humain : les réfugiés. Les autorités sont complètement dépassées par le nombre :
Fin 1914 ils sont environ 10.000 dans les A.M. On fait face à la situation en instaurant un contrôle sanitaire puis des affectations dans l’arrière-pays. Mais les contacts sont délicats, les réfugiés sont mal perçus.

Durant la guerre, Nice reste touristique. Les politiques locales l’ont bien compris, « sans tourisme la Côte d’Azur n’existe pas ».
Bien sûr, il y a moins de tourisme : pas d’allemands, mois de russes et d’anglais.
La perte de clientèle amorce la fin de l’insouciance de la Belle Epoque et se marque par la chute de la capacité d’accueil (due aux réquisitions).
En hiver 1914/15 la presse fait l’apologie du tourisme : « du tourisme la richesse ». Dans cette optique on cherche néanmoins un « service minimum touristique ». Mais la crise des transports limite l’offre niçoise. Il n’y a pas de casinos ouvert, ni de music-hall, pas de carnaval entre 1915/22.
Cette décrue nette profite aux concurents italiens et espagnols. Il faut attendre 1917/18 pour voir le nombre de touristes augmenter légèrement (40.000)
Les transports restent desorganisés jusqu’en 1922, à cause de l’inflation et du manque de main d’œuvre.
Les difficultés de l’hôtellerie locale, le vieillissement des bâtiments entraîne un changement dans les mœurs des touristes : il y a moins d’aristocrates mais plus d’américains. Globalement le tourisme devient à la portée de classes sociales plus populaires. Ainsi les séjours sont moins longs et plus estivaux.

Le bilan de la guerre est de 7000 morts dans le département. Des pertes matérielles importantes sont à signaler. Financièrement l’économie va mal : il y a une dette public énorme et le budget ne s’équilibre pas. Nice connaît divers problèmes sociaux, et le tourisme est globalement en baisse.
Cette synthèse est extraite du cours du Professeur Monsieur Gastaut, et précède la synthèse du rattachement de Nice à la France visible sur ce lien.