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Cap d'Antibes - Randonnée palmée !
Du caca de baleine contre le réchauffement climatique
Virginie Garin
À l'occasion de la conférence sur le climat à Paris, une réplique d'une énorme baleine bleue s'invite sur les bords de Seine pour nous sensibiliser à la protection des espèces
Il a fallu cinq ans pour fabriquer cette reproduction à l'échelle 1:1 d'une baleine bleue. C'est une prouesse technologique. Elle a une armature en acier, recouverte de résine comme les coques de bateau. Elle est la réplique exacte de la plus grande baleine jamais vue par l'homme (33,60 mètres de long). C'était en 1912 : des marins britanniques avaient harponné ce qu'ils croyaient être une petite baleine. En fait, elle faisait 180 tonnes et était grande comme trois semi-remorques. A Paris, sa réplique sera installée sur le quai d'Orsay, vers le Champs-de-Mars (sur le Port du Gros Caillou). La couleur, la peau, les nageoires et les moindres détails ont été parfaitement reproduits. À l'intérieur, elle va pouvoir accueillir 50 personnes à la fois pour visiter (du 30 novembre au 11 décembre) une exposition sur le climat. La question du climat peut paraître parfois ennuyeuse, austère. Là, ce sera très concret.
La baleine contribue à réguler le climat
On va découvrir, par exemple, que la baleine contribue à réguler le climat, car elle produit chaque jour des tonnes d'excréments qui deviennent la nourriture du phytoplancton. Or le phytoplancton, pour grandir, a besoin de CO2. Il le capte à le surface de l'océan. Ensuite quand il meurt, il coule tout au fond emportant avec lui le carbone. Ces êtres minuscules sont donc des pièges à carbone et ils se nourrissent grâce aux baleines. D'où l'importance de protéger les baleines bleues, les plus gros animaux du monde. Sachant que 95% ont déjà disparu. Il n'en resterait que 2 ou 3.000 sur la planète.
La crème solaire menace les coraux
S'enduire d'écran solaire peut protéger contre le cancer mais aussi tuer les récifs coralliensdans le monde entier. Telle est la conclusion d'une équipe internationale de scientifiques comprenant John Fauth, un professeur de Université de Floride Centrale et amateur deplongée .
Les chercheurs ont constaté que l'oxybenzone, un composé utilisé de manière courante pour filtrer les rayons UV, se retrouve à concentration élevée dans les eaux autour des récifs coralliens les plus fréquentés d'Hawaii et des Caraïbes. Ce produit chimique non seulement tue le corail mais provoque des lésions de l'ADN chez les adultes et altère l'ADN dans le corail au stade larvaire, ce qui rend peu probable qu'il puisse se développer correctement. Les concentrations les plus élevées en oxybenzone ont été trouvées sur les récifs les plus fréquentés par les touristes.
"Les récifs coralliens sont des écosystèmes marins les plus productifs du monde et contribuent à l'écononie de la pêche commerciale ou récréative et du tourisme", a déclaré John Fauth. "En outre, les récifs protègent les côtes en cas de montées des eaux dues aux tempêtes. Dans le monde entier, l'impact économique global des récifs coralliens est énorme, mais ils sont en danger."
Les résultats de l'équipe sont publiés dans l'édition récente de la revue Archives of Environmental Contamination and Toxicology.
Craig Downs, directeur exécutif et chercheur de l'organisme scientifique sans but lucratif Haereticus Environmental Laboratory en Virginie a dirigé cette équipe. Les scientifiques ont plongé eux-mêmes pour prélever des échantillons de récifs à Hawaï, aux îles Vierges américaines et à Eilat en Israël. Ils s'étaient assurés de ne mettre aucun produit d'hygiène corporelle avant les plongées.
"La question de l'utilisation de produits contenant de l'oxybenzone doit être sérieusement examinée dans les îles ou zones où la conservation des récifs coralliens est une question cruciale", a déclaré CraigDowns. "Nous avons perdu au moins 80 % des récifs coralliens dans les Caraïbes. Tout effort même faible pour réduire la pollution par l'oxybenzone pourrait permettre à un récif corallien de survivre à un été long et chaud, ou à une zone dégradée de récupérer. Tout le monde veut construire des pépinières de corail pour restaurer des récifs, mais ce sera sans effet si les causes qui ont tué initialement le récif persistent ou s'intensifient dans l'environnement ".
Dans les expériences de laboratoire, l'équipede recherche a exposé des larves de coraux et des cellules d'animaux adultes à des concentrations croissante d'oxybenzone. Elle a découvert que l'oxybenzone déforme les larves de corail en les piégeant dans leur propre squelette, les rendant alors incapables de flotter au gré des courants et de se disperser.
L'oxybenzone a également provoqué le blanchissement des coraux, qui est la première cause de mortalité des coraux dans le monde entier. Les coraux se décolorent quand ils perdent ou expulsent les algues avec lesquelles ils vivent normalement en symbiose, perdant ainsi une source précieuse de nutrition. En outre, les larves de corail exposées à des concentrations croissantes d'oxybenzone subissent davantage de dommages sur l'ADN.
Des cellules provenant de sept espèces de coraux ont été tuées par l'oxybenzone à des concentrations similaires à celles détectées dans des échantillons d'eau de l'océan. Trois des espèces que les chercheurs ont examinées sont actuellement répertoriées comme "menacées" sur l'Endangered Species Act aux États-Unis.
L'équipe a conclu dans l'article publié que "l'oxybenzone pose un danger pour la conservation des récifs coralliens et menace la résilience des récifs coralliens face au changement climatique."
L'équipe de recherche comprenaient des scientifiques de l'Haereticus Environmental Laboratory, de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), del'Aquarium National de Baltimore, desUniversités d'Hawaii, de Tel Aviv et du Néguev(Ben Gourion) en Israël.
Alors, que peuvent faire les plongeurs amateurs pour protéger les récifs?
"Porter des protections contre les organismes urticants ou des combinaisons de plongée et s'abstenir de tout produit d'hygiène avant d'aller plonger", a déclaré John Fauth. "Si nous avons réussi à le faire pour une semaine complète, les gens peuvent certainement y renoncer pendant quelques heures pour aider à protéger ces récifs et permettre à nos enfants et à leurs enfants de les voir."
Reference bibliographique:
- C. A. Downs, Esti Kramarsky-Winter, Roee Segal, John Fauth, Sean Knutson, Omri Bronstein, Frederic R. Ciner, Rina Jeger, Yona Lichtenfeld, Cheryl M. Woodley, Paul Pennington, Kelli Cadenas, Ariel Kushmaro, Yossi Loya.Toxicopathological Effects of the Sunscreen UV Filter, Oxybenzone (Benzophenone-3), on Coral Planulae and Cultured Primary Cells and Its Environmental Contamination in Hawaii and the U.S. Virgin Islands.Archives of Environmental Contamination and Toxicology, 2015 DOI: 10.1007/s00244-015-0227-7